Le moment est arrivé. C’est dimanche. T’es ben excitée. Parce que cette semaine, t’as décidé de déjouer la routine, tes classiques pis les j’aime-pas-ça-des-enfants et tu vas oser un tout nouveau menu de soupers. Ouais. Exit le pâté chinois, la lasagne pis le spaghetti pis bienvenue les nouvelles recettes santé pleines d’ingrédients bizarres que tu connais pas. T’es wild de même. Bon, tu manques peut-être un peu d’inspiration mais compte tenu des ressources sur le net, est-ce que c’est vraiment un problème ?
Te v’là armée de ton stylo Bic, ta feuille 8 ½/11 vierge tout droit sortie de l’imprimante pis de ton vieil ordinateur portable Dell, gonflée à bloc, à la recherche de recettes de chia, de quinoa, de tofu, pis de toutes les ingrédients qui n’existaient pas quand t’avais huit ans.
Curcuma, pois chiches, lentilles, caroube, brocoli. Cinq minutes plus tard, t’es déjà semi-dégonflée; les recettes ont toutes l’air beiges.
La quantité de blé entier pis d’épices inconnues qu’elles contiennent est inversement proportionnelle à la quantité de gras. T’aimes pas le blé entier. Tes enfants aiment pas le blé entier. Personne aime le blé entier. Pis le curcuma, le cumin pis la coriandre n’ont aucune chance de s’immiscer dans aucun plat sans déclancher l’alarme-culinaire-infantile-ultime plus communément appelée c’est-quoi-ça-j’aime-pas-ça.
Chez vous, les beans noires s’en vont d’elles-mêmes dans les vidanges sans demander leur reste tellement elles se sentent mal-aimées. Par mal-aimées, j’entends que tes chérubins poussent normalement un cri d’horreur comme s’ils avaient aperçu un ours affamé avec un bras humain qui lui sort de la bouche suite à quoi ils hurlent quelque chose qui ressemble à enlève-ça-de-mon-assiette avec un regard aussi dégoûté que les candidats de Fear Factor qui mangent du caca de serpent bourré d’asticots.
Pis y’est où, le sel là-dedans ? Ça sent la conspiration. Il me semble que quelqu’un est passé par là pis a dissimulé tous les ingrédients susceptibles de rendre toutes ces recettes santé-là potables. Exit le fun de manger. Sers les gras trans pis le sucre en poudre pis mets des bettraves dans tes brownies qui disent.
Mais t’sais, c’est peut-être toi le problème. C’est peut-être toi qui ne fait pas preuve d’une assez grande ouverture d’esprit. Si tu n’y crois pas toi-même, comment veux-tu passer des pois chiches à tes enfants en douce ? Je vais te le dire moi, pourquoi tu n’y crois pas. C’est parce que c’est pas la première fois qu’il te prend une envie soudaine de révolutionner ton menu de semaine.
Ça t’arrive trois ou quatre fois par année. Trois ou quatre fois toutes moins couronnées de succès les unes que les autres pendant lesquelles tu passes plus ou moins une demi-heure à l’épicerie à chercher lesdits ingrédients underground pis deux heures à cuisiner des lentilles croquantes après une heure de cuisson, des galettes chia-blé-d’inde-fromage raides comme une barre pis des barres granola sans-sucre-sans-goût-sans-vie par regardables. Tu continues ton aventure culinaire avec un gros vingt minutes de vaisselle pis tu te prends un grand verre de vin. Si t’as cuisiné du tofu, je te conseille quatre ou cinq onces de vodka. Parce que le pire est à venir.
Les enfants débarquent à la table, affamés comme quarante-huit, mais leur visage se déforme dans un genre de Picasso saisissant suivi d’un ark-c’est-quoi-ça particulièrement bien senti quand leur regard rencontre leur assiette pleine des victuailles santé beiges que t’as cuisiné avec tout ton amour pendant deux heures. Après une longue et large explication sur la prosciption du mot « Ark » à table pis de l’importance de goûter, tu graisses une dernière couche de chantage à grand coup de ya-des-enfants-qui-meurent-de-faim-tsais pis t’auras-pas-de-dessert-si-tu-manges-pas-ton-assiette.
Ta propre première bouchée te confirme que c’est pas mangeable mais te vl’à pris pour faire semblant que c’est bon pis finir ton assiette. Le plus jeune mâche sa courgette au cumin depuis cinq minutes pis le plus vieux s’est étouffé avec son aubergine au paprika pis il a un peu vomi dans sa bouche. Heureusement, ton chum, fidèle à son habitude, a déjà vidé son assiette pis il picosse dans ses dernières lentilles au gingembre. C’est ben parfait, les restes vont lui faire un excellent lunch pour le bureau pis tu vas pouvoir t’en clairer sans récidive.
Tu regardes ta progéniture qui promène ses pois chiches au persil dans le fond de son assiette pis qui les aligne en forme de petit train avec pitié, tu cèdes, tu vides la table pis tu sors la Häagen-Dazs.
Ça fait que vas-tu vraiment remettre ça aujourd’hui ou tu vas t’en tenir aux classiques win-win qui vont écourter le temps de préparation, de négociation pis d’ingurgitation de moitié en plus de préserver ta bonne humeur, ta zénitude pis ta poubelle de l’invasion massive de repas santé beiges au cari de curcuma aux épices italiennes ?
C’est à toi les oreilles. Choisis tes combats.
Mes enfants adorent le spaghetti, mais tu demandes à mon fils aîné son plat préféré, il te répondra que c’est ma salade de lentilles, fullll cumin et coriandre! Et les autres en sont tout aussi amateurs, 9,5 et 3 ans. Ils en mangent depuis toujours ou presque et ils préfèrent le pâté chinois aux lentilles plutôt qu’à la viande. Nous ne sommes pas végétariens , ils apprécient beaucoup les côtes levées, les côtelettes avec l’os pour gruger svp et sont aux anges si je leur annonce qu’il y a du turbot (meilleur poisson blanc ever!) pour souper ! Je pense que la clé est vraiment de leur présenter de tout dès leur plus jeune âge pour arriver à les faire apprécier une plus grande variété d’aliments.
Pareil ici. Plat préféré de ma fille 4 ans : macaroni au fromage (facile!) Mais, dans son assiette, les légumes, légumineuses et le poisson sont toujours mangés sans bataille….mais je dois me battre pour la viande! Chacun ses combats!
Ma fille de 2 ans adore le tofu, la soupe aux lentilles et les courgettes, surtout avec des épices indiennes ! Par contre, quand on se fait harceler par des adultes qui veulent lui donner du gâteau plus pour leur propre plaisir que pour le sien, elle en mange à peine… En effet, à chacun ses combats et sa façon d’inculquer de saines habitudes !
Ca fait longtemps que j’ai pas ris a voix haute comme quand je lisais ton article!!
Meme bataille ici, on verra dans quelques annees!