Quand toutes les ressources ont été épuisées, les Goldfishs digérés, les crayons de cires fracassés, la sieste consumée, les jouets lancés, les limites poussées à l’extrême et l’écume débordant violemment des lèvres, il ne reste qu’une seule solution pour le parent d’aujourd’hui : envoyer le p’tit chez les grands-parents.
Ah oui. Les grands-parents. Ceux qui ont toujours un p’tit bonbon dans le fond des poches, qui ont toujours le pouce bien léché, prêt à débarbouiller une cochonnerie sur le coin de la bouche, qui ont toujours un restant de gâteau ou ben quelque chose de sucré dans le fond du frigo. Les grands-parents sont comme les G.O. du monde des parents et de l’enfance : toujours prêts à amuser son monde, t’indiquent rapidement où il y a de la bouffe, sont de bonne humeur, mais achale-les pas quand leur chiffre est fini. Pourtant, envoyer les enfants chez les grands-parents est parfaitement acceptable à tout moment et même nécessaire pour toi et ton p’tit.
Tu n’as pas besoin d’avertir tes parents à l’avance que tu vas dropper le p’tit chez eux. Arrive à l’improviste, juste de même, pour faire un p’tit tour en passant. Apporte malgré tout un sac à couche rempli à ras bord de tout ce qu’il faut pis laisse-le discrètement tout près de la porte. Pendant que tout le monde rigole et mange de la crème glacée aux fraises, annonce rapidement que tu viens de recevoir un appel de ta meilleure amie qui vient de laisser son mari et qu’elle a besoin d’aide pour déménager subitement. Crisse ton camp au plus vite pis pèse sur le gaz. Pèse comme jamais t’a pesé auparavant.
Le parent mérite une pause, un moment pour lui-même où il peut rester assis sur le divan en p’tite culotte à regarder Friends en boucle en braillant sur le temps qui lui a filé entre les doigts en se pourléchant dans sa misère et son pot de Haggen Dazs.
De toute façon, tu sais très bien que ce doux moment de repos sera chèrement payé une fois ton p’tit de retour chez toi. D’abord il y a les commentaires du genre : « Oh oui, il a bien mangé. En fait il a redemandé une autre part de polenta et de salade de cressons! Cher ange. » Puis ensuite, vois les ravages qu’ont fait l’ingurgitation de deux tonnes de Fudgsicle sur le cher ange alors qu’il refuse de retourner à la maison et se vautre dans les souliers en se tortillant comme Lazare dans Les Filles de Caleb. Et ne vas pas te plaindre à tes parents. Même si personne au monde n’aime plus ton enfant que tes propres parents, sache que personne au monde n’apprécie plus tes déboires avec ton enfant que tes propres parents. En effet, tes parents se souviennent avec une précision chirurgicale de tout ce que tu leur as fait vivre dans ton jeune âge.
Regarde bien tes parents lorsque ton p’tit te pète une coche parce qu’il ne veut pas mettre son manteau d’hiver. Regarde la malice et la satisfaction dans leurs yeux. Regarde leurs doigts entremêlés comme Gollum ou Mr. Burns, sifflant avec vilenie : « Oui, c’est ça mon précccccccccieux…Frappe Dada sur le genou comme il me l’a fait 30 ans auparavant ». Voilà pourquoi le p’tit s’est bourré dans le chocolat et les chips. Voilà pourquoi tes parents l’ont amené faire un tour au Récréofun, puis au McDonald’s, puis lui ont acheté un paquet de jouets inutiles et bruyants. Pour la sweet, sweet vengeance.
Mais ne désespère pas. Ton p’tit va grandir. Et peut-être qu’un jour il va avoir des enfants à son tour. Pis là, ton moment sera enfin venu. Ce sera ton tour de gâter un p’tit pis de dire oui à toutes ses demandes. Ce sera à ton tour de voir ton enfant, maintenant adulte, se démener pour attacher les souliers de son p’tit en crise. Pis c’est probablement à ce moment que tu vas regretter tous ces moments passés de pleurs, de cris, de rires et de chansons qui ont bercés ces jours passés avec ton p’tit.
Donc chéris ces moments, même quand tu as envie de pleurer de rage. Et chéris les grands-parents aussi, même s’ils ont un sourire en coin quand tu grondes ton p’tit parce qu’il a flushé les figurines Lego dans la toilette.
Karma baby.
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