Mon trésor,
Tu es à l’âge des pourquoi et des comment, celui des gros et des petits questionnements. Je dois te dire que je ne m’attendais pas à autant de questions et surtout pas à ce qu’elles soient aussi difficiles à répondre. Ça peut paraître simple, mais comment t’expliquer ce qu’est la pluie ou encore pourquoi le gazon est vert de façon à ce que tu puisses le comprendre ? Sans compter ces fois où je n’ai moi-même pas la réponse à toute cette curiosité qui émane de toi.
D’autres de tes interrogations sont d’autant plus difficiles à répondre parce qu’elles me font mal, mon amour. Quand tu me demandes où est ta grand-maman ou pourquoi le monsieur au magasin se promène dans une drôle de poussette, je suis partagée entre la conviction que tu dois savoir la vérité et le fait que tu es encore bien jeune pour que ton innocence soit brisée.
La réalité, mon coeur, c’est que la vie n’est pas toujours rose et le ciel toujours bleu. Il y a parfois des jours de pluie, des jours aussi gris que tes bas d’hiboux. Mais il y a également des jours ensoleillés et pleins d’espoir, et c’est à eux que nous devons nous accrocher.
J’ai tout de même choisi de te dire la vérité car tu mérites de pouvoir l’entendre. Je t’ai expliqué que l’homme qui se promène avec des grosses roues est en chaise roulante et souffre d’un handicap physique. Qu’il y a aussi d’autres handicaps que l’on ne voit pas avec nos yeux. Qu’on ne doit jamais juger les gens, mais plutôt tenter de les comprendre. Que nous sommes tous différents, uniques à notre façon. Que ta grand-maman était très malade et qu’elle est maintenant au ciel. Mes yeux se sont remplis d’eau quand tu m’as demandé si elle pouvait redescendre nous voir quand elle irait mieux. Mais j’ai été forte et j’ai pris le temps de t’expliquer ce que c’est la maladie et comment on est chanceux d’être en santé.
Tu me surprends souvent en posant des questions complexes et douloureuses et mon honnêteté me surprend parfois tout autant. Mais peut-être sauras-tu plus vite respecter les beaux humains qui nous entourent. Peut-être apprécieras-tu davantage les conditions dans lesquelles tu grandis en sachant que d’autres n’ont pas la même chance que toi.
Même s’il m’arrive parfois de soupirer en répondant à tes nombreux questionnements, j’espère que tu continueras de te poser les bonnes questions car c’est grâce à elles que tu forgeras ton opinion et que tu comprendras la complexité, mais aussi la beauté de l’existence et du monde dans lequel tu vis.
Et en attendant que tu puisses trouver tes propres réponses, je continuerai de te répondre au mieux de mes connaissances, au mieux de mon rôle de maman.
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