Souvent, quand tu me vois dans la rue, à l’épicerie du coin, devant l’école à attendre la sortie des petits, tu te demandes comment je fais pour être bien habillée, coiffée et maquillée.
Et pourtant, si tu savais tout ce qui se passe sous ce maquillage.
En dix minutes, je parviens à te cacher mes cernes de trois kilomètres, mes yeux qui ont pleuré une partie de la nuit car je ne comprends pas les pleurs de mon dernier, les boutons de fièvre qui sont apparus sous l’effet de l’inquiétude pour la santé d’un des mes miens et mes rides car, comme tout le monde, je vieillis.
Mon maquillage est un masque qui me permet de « paraître » et si tu me demandes gentiment comme je vais, je te répondrai toujours que je vais très bien avec un grand sourire car je n’aime pas me plaindre et je me dis qu’il y a toujours pire.
Mais ce masque ne reflète pas forcément la vérité sur ce que tu imagines de ma vie de famille, dans mon foyer, car une fois la porte fermée, la vérité est toute autre et je pense que nous vivons toi et moi la même chose.
Je suis cette maman qui parfois le soir, derrière son maquillage, prépare une purée en sachet car l’énergie me manque, que j’ai une migraine à force d’entendre les plus grands se chamailler ou d’insister pour que mon aîné fasse ses devoirs pour le lendemain. Mais que je dois quand même être aux fourneaux pour qu’ils aient quelque chose à se mettre sous la dent.
Je suis aussi de celles qui, même avec leurs cheveux bien coiffés, crient parfois car comme tout le monde, je ne suis qu’une humaine. Et à un moment, oui, il m’arrive de perdre patience et de hausser le ton. Si avoir des enfants m’a montré à quel point j’étais patiente, j’ai aussi rapidement compris que j’avais un seuil à ne pas dépasser.
Je suis cette maman qui, malgré ses beaux habits, a souvent du retard sur ses lessives, des garde-robes mal rangées et des papiers à gauche et à droite. Et il m’arrive d’oublier le sac de natation pour le cours de demain que je m’étais promis de préparer en me levant tout en essayant de penser de ne rien oublier.
Malgré le fait que mon apparence te laisse croire que je contrôle tous les éléments de ma vie de famille, j’ai souvent l’impression de perdre pied, de me sentir dépassée et de ressentir un sentiment d’échec constant quand mon bébé pleure sans cesse, refuse de dormir ou de manger, me demandant désespérément pourquoi je ne suis pas en mesure de comprendre mon propre enfant.
La vérité, c’est que je suis comme toi, à toujours vouloir bien faire pour mes petits, à veiller à ce qu’ils ne manquent de rien. J’aimerais toujours leur offrir plus, car à mes yeux ils méritent ce qu’il y a de mieux. Mais comme toi, je fais selon mes moyens, mes capacités, mon énergie.
Être maman, il ne faut pas se voiler la face, est bien plus difficile que ce qu’on peut imaginer. Il faut du courage, de la patience, de l’amour, de la détermination, de la compassion, de l’empathie, du temps et tellement plus. Mais lorsqu’on se croisera demain, poliment, comme les codes de la société le veulent, on se demandera machinalement « comment tu vas » ? Sans vraiment vouloir savoir comment va véritablement l’autre. Sans se soucier de son bien-être ou de son mal-être.
On répondra toujours que l’on va bien alors que pourtant, parler et se rendre compte qu’on est toutes dans le même bateau ferait toute la différence.
Mais qui osera dire la vérité sans craindre d’être jugée, sans qu’on l’accuse de se plaindre. Alors qu’elle ne se plaint pas, mais raconte simplement le quotidien d’une maman parmi toutes les mamans, sans masque.
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