Mes enfants,
J’essaie de ne pas vous le montrer, mais j’ai peur lorsque je vois ces images à la télé. Ces scènes qu’on croirait d’un autre temps : ces gens qui fuient, ces bâtiments qui tombent sous les bombes. Alors je pleure pour ces enfants et ces femmes qui disent au revoir à un mari, à un père ou à un frère, ces gens qui, le visage marqué par la peur et par les nuits sans sommeil, partent pour un pays qui n’est pas le leur, avec pour seul bagage un sac de vêtements chauds et trop peu de souvenirs d’une vie qui a basculé dans l’horreur.
Il m’arrive de détourner le regard quand l’actualité devient trop difficile. Quand à la télévision, les médias jouent avec la peur des gens ou quand je vois ces enfants qui, pour sauver leur vie, ont dû laisser derrière eux les copains de classe et les jouets, leurs repères et leur innocence.
Je ne vais pas vous cacher que je ne comprends pas comment on peut en arriver là au vingt-et-unième siècle. Pourquoi des conflits entre hauts placés se répercutent sur une population qui n’a rien demandé d’autre que la liberté. Je ne comprends pas pourquoi l’histoire se répète inlassablement comme si la mort des gens devient une issue quand on ne s’entend plus.
Mes enfants, je vous avoue que j’ai peur rien qu’à l’idée qu’un jour vienne votre tour et qu’on vole votre enfance, vos joies et votre naïveté. Aujourd’hui, pour la première fois depuis que vous êtes nés, je me suis même demandé si vous avoir donné la vie dans ce chaos n’était pas égoïste car je suis terrorisée quand je fais l’inventaire du monde qu’on va vous laisser.
Mes enfants, vous êtes bien trop petits pour affronter la tristesse de ces actualités, alors ces craintes, je préfère les garder pour moi.
Mais j’aimerais vous dire que je me battrai toujours autant que je le pourrai pour ne pas voir la peur dans vos yeux et pour vous préserver un peu. J’aimerais que vous sachiez qu’aujourd’hui, plus que jamais, je sais à quel point je suis chanceuse car chaque soir, je peux sentir votre odeur, vous prendre dans mes bras et, pour l’espace d’un instant, oublier mes peurs.
Mes enfants, je vous aime plus que tout au monde et j’espère pouvoir vous guider vers le bonheur, la tolérance et la paix car le monde qui sera le vôtre demain en a grand besoin.
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