T’as posé la première boîte d’une longue série sur le sol dépareillé d’un logement qui allait devenir synonyme de ta mauvaise passe. T’as regardé la porte patio mal isolée, le ruban adhésif sur le tour des fenêtres, les murs sales, le plancher croche pis tu t’es effondrée. Tu en as pleuré une shot ce jour-là. Pleuré de découragement, de honte et de fatigue.
Tu quittais alors ta maison dont chaque élément avait été choisi par toi pour la rendre à l’image d’un bonheur qui sonnait peut-être déjà faux. Une maison dans un beau quartier neuf dans laquelle tu espérais élever une famille. Au lieu de ça, tu as loué un appartement pas cher dans un quartier pourri en espérant que ton petit ne remarque pas trop la débarque de sa mère.
Pis t’as promis. T’as promis que ça ne resterait pas de même trop longtemps. T’as promis que tu récupérerais ce que tu avais perdu pis que tu t’offrirais une meilleure vie qu’avant. T’as promis que tu quitterais un jour ce logement-là avec le sentiment d’avoir tout vaincu. « Donne-moi quelques années », que tu as murmuré aux oreilles de ton petit endormi, le soir où tu as retiré tes REER pour mettre du pain et du beurre sur la table. « Je vais nous trouver une autre belle maison juste pour nous deux. Pis je te promets que personne ne nous l’enlèvera. »
Ça n’a pas été facile parce que chaque fois que tu rentrais chez toi, t’avais l’impression de retourner dans un passé que tu voulais enterrer. Les murs semblaient se moquer silencieusement de ta défaite. Mais les jours ont passé et chaque nouvelle avancée a rendu ton quotidien de plus en plus supportable. Peu à peu, tu as cessé de vivre au jour le jour. Tu as géré ça comme une femme d’affaires qui fait grandir son entreprise. Et ça a été payant parce qu’un jour, tu es tombée sous le charme de la maison parfaite que tes efforts t’ont permis de t’offrir.
Bientôt, tu poseras à nouveau une boîte sur le sol d’une grande maison. Et elle est encore plus belle que celle que tu avais. Elle est belle parce que celle-là, elle sent le bonheur, le vrai, celui que tu t’es créé. Tu vas enfin pouvoir tourner la page sur un chapitre de ta vie qui t’a blessée.
Savoure ce moment. T’as réussi. T’as respecté la promesse que tu as faite à ton petit ce fameux soir de septembre.
Et cette fois-ci, lorsque tu fermeras les lumières de ton appartement miteux pour une dernière fois, tu jetteras un œil différent vers ce plancher tout croche sur lequel tu as pu te relever.
C’est un très beau texte Annick, tissé avec de la résilience et de la force.
Merci Frank!
Merci. Je ne sais pas quoi ajouter ?
Pas encore atteint mon objecrif.. encore ds mon logement… mais la 1e partie de ton texte jlai encore ds le fond de la gorge!
J ai les larmes aux yeux … tu racontes mon histoire et celles de bien d autres. Je viens d emménager dans ma nouvelle maison après 2 ans dans un appartement « miteux ». Je suis heureuse du chemin parcouru. Les filles ne lachaient rien. Vous allez y arriver!