Tu es entrée sournoisement dans ma vie. Je ne t’ai même pas ouvert la porte. Tu es entrée sans faire de bruit, sans appel, sans rendez-vous. Je ne t’ai même pas invitée. Mais tu es là. Tu comptes bien rester. Je ne peux même pas t’en empêcher. C’est plus fort que moi. C’est plus fort que tout. J’ai même essayé de blâmer ma famille de t’avoir autorisée à entrer. Mais ce n’est pas sa faute. C’est moi qui ne suis pas capable de te dire non.
Tu te réveilles parfois beaucoup trop tôt et tu t’endors souvent beaucoup trop tard. Tu remplis mon recyclage, mes poubelles et tu vides mon compte de banque à toutes les occasions et les occasions sont nombreuses. Tu te moques de moi, tu te moques des autres. Parfois je vais te le dire, je te trouve vraiment dérangeante. Tu cries parfois trop fort alors que d’autres fois, tu es là, bien tranquille, à broyer du noir, à refaire le monde. Mais surtout à refaire mon monde. À l’envers. Toi, ma dépendance à l’alcool.
Tu me donnes parfois une confiance de géant. Je me trouve souvent belle et remplie d’assurance lorsque tu es avec moi. Je me sens forte et invincible. Mais lorsque tu atteins ton plein potentiel, la machine perd peu à peu son énergie et tu me fais perdre mes ailes. Je tombe de plus haut et c’est alors qu’il pleut sur mes joues. De la tristesse de voir le monde, mais surtout de la tristesse de voir mon monde. Le monde où je suis, le monde où je vais.
Certain soirs, tu restes seule. Tranquille. Dans ton coin. Tu ne viens pas me parler. Tu ne viens pas me voir. Et ça me fait du bien. Mais je dois l’avouer, tu me manques pendant les heures et les jours qui suivent. J’ai hâte de replonger dans tes bras. Je ne cherche même plus d’occasions. Elles sont toutes bonnes pour te tenir compagnie.
J’ai essayé de te mettre à la porte. Souvent. Mais tu reviens à chaque fois. Parce que tu apaises mes moments de stress. Parce que tu contrôles mes moments d’angoisse. Dans ma grande naïveté, j’ose croire que tu m’aides temporairement à fuir mes problèmes. Tu m’aides à affronter des situations que j’ai dû mal à assumer. J’ai du mal à me l’avouer, mais tu me fais du bien.
Il y a des moments où je te déteste. Certains matins où tu m’as volé une partie de ma vie. Des heures d’histoire. Des moments que j’ignore si je vais les retrouver. Tu m’as souvent rendue malade. À force de m’influencer, de me contrôler et de toujours vouloir aller plus loin. Tu as parfois tenté de repousser mes limites. Tu m’as fait perdre le contrôle de ma vie, tu m’as mise en danger. Tu m’as parfois séparée de mes amis. Tu m’en as fait faire des choses que je regrette. Tu m’as fait mal.
Ma dépendance à l’alcool, j’apprécie ta présence et j’essaie de contrôler nos rencontres. Je vais me l’avouer, je suis attachée à toi. Tu es à la fois une amie et ma pire ennemie. Je ne sais pas si un jour je réussirai à te laisser aller. À te fermer la porte pour de bon. Je ne sais pas si un jour je vais avoir assez de force pour affronter ma vie sans toi ou pour simplement choisir les moments où je te laisserai entrer chez moi.
Laisser un commentaire