À toi, la maman qui n’a pas le temps de pleurer,
Je t’ai vue dans la rangée des cannes de petits pois en conserve. Le regard fixé sur le cannage, évitant ainsi toute personne du regard, tu étudiais les différents types de pois avec une assiduité jamais vue. Puis je t’ai reconnue. J’ai reconnu la fille qui s’est sauvée à l’épicerie afin de prendre une pause de sa vie de maman.
J’ai vu la larme au coin de ton oeil que tu retenais de toutes tes forces. Une toute petite larme à peine visible pour les non avertis. Une petite larme que tu retiens bien souvent depuis que tu es maman parce que la vie doit continuer.
Quand tu t’es chicanée avec ton chum après le souper, que tu as serré les dents puis que tu es allée gérer la routine du dodo avec ta bonne humeur habituelle.
Quand ton ex est parti en te criant des bêtises et que tu es rentrée dans la maison avec les bagages de tes petits en prenant bien soin d’enfiler ton plus beau sourire.
Quand ta collègue de travail t’est tombée dans la face parce que tu étais arrivée en retard à une réunion parce que tu avais dû gérer la routine du matin, un de ces mercredis où tout va de travers, que tu t’es excusée à vingt-deux reprises en baissant les yeux et que tu as pris le blâme intégralement.
Quand il y eu une crise, que ta famille a choisi de condamner tes choix au lieu de t’aider, que tu t’es sentie blessée, que tu as eu envie de pleurer en boule dans ton lit et que tu as choisi de faire mine de rien et de taire la situation devant tes petits pour éviter qu’ils soient mêlés à vos conflits.
Quand, à bout de souffle un soir de semaine, tu as voulu tout sacrer ça là, tu as choisi d’aller prendre du temps pour toi en faisant l’épicerie et toutes les commissions qui viennent avec. Juste pour t’évader. Juste pour éviter de craquer.
Tu as peut-être versé deux ou trois larmes ou hurler l’espace d’un instant dans ta voiture, mais rien qui en vaille vraiment la peine.
Ce soir, promets-moi de pleurer. Promets-moi de te délester du fardeau que tu portes depuis beaucoup trop longtemps et de laisser sortir le trop-plein. Desserre les dents et laisse tomber ton air de mère en contrôle en tout temps. Tu as le droit de pleurer. Tu as le droit d’être en beau fusil. Tu as le droit de souhaiter ne plus être mère pour les prochaines heures. Tu as le droit de feeler comme de la bouette. Tu as le droit de ne pas vouloir voir de monde. Tu as le droit de pleurer ta vie.
Ce soir, craque avant et surtout pour t’empêcher de casser pour vrai.
Je suit papa et ça m’arrive moi aussi
Je ne pleure pas. Je ne pleurerai pas. Je n’ai pas ce loisirs de pouvoir sortir prendre une pause à l’épicerie. Je suis #mamanmonoparentale24/7/365. Je vais quand même y arriver. Je suis résiliante.