Je voulais un garçon. Un garçon c’est simple, je connaissais ça. Étant enfant, je me souviens d’avoir construit des rampes pour mon BMX et j’ai rembarqué la chaîne les mains graisseuses plus souvent qu’à mon tour. Je me rappelle des après-midi au parc avec une balle et une raquette ou un bâton de baseball. J’ai le souvenir des arbres dans lesquels j’ai grimpé, les fusils à l’eau avec lesquels je devenais un vaillant soldat, les tortues ninjas et les camions. J’aurais su jouer avec un garçon sûrement autant que j’aurais su en faire un petit homme.
Quand j’ai su que j’allais avoir une fille, j’ai immédiatement été assiégé par l’inquiétude, la crainte de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir comment. Je me posais mille et une questions aussi simples que « Comment allais-je lire les histoires de princesses pré-dodo? », »Devais-je faire les voix pour les différents personnages et pire encore; on fait quoi avec les poupées!? ».
Je suis tout de même parvenu à la conclusion que l’exercice qui m’attendait n’avait pas pour objectif ultime de reproduire qui j’étais moi-même, mais de guider ma progéniture afin qu’elle devienne meilleure que moi; plus ouverte, plus vive, plus patiente.
J’ai alors pensé à toutes ces femmes que j’ai aimées et à leur bagage bon et mauvais à la fois. Qu’est-ce que chacune d’entre elles possédait qui m’avait amené à les aimer avec fougue, passion, rapidité et/ou éphémérité ? Quelles seraient les attitudes et les qualités que j’aimerais voir germer et mûrir chez ma fille ? Comment lui apporter ce que je ne possédais pas ?
Puis, j’ai décidé de me faire confiance.
Aujourd’hui, j’envisage constamment tous nos moments comme une comédie farfelue. Je fais tant de folies que le moi plus jeune introverti n’aurait pu imaginer. On se costume pour aucune autre raison que de se faire rire. On chante, on danse en public, plus mal que bien, mais on ne s’y arrête pas. On saute dans les flaques d’eau et dans les feuilles mortes autant que dans la neige. Les draps chauds sortant de la sécheuse deviennent spontanément des capes de superhéros ou nous servent à improviser un pique-nique dans le salon ou deviennent un fort infranchissable sous les chaises de la cuisine. On rebaptise les chiens et chats qu’on voit par la fenêtre de toutes sortes de noms.
Je suis présent à ses cours de gymnastique et de karaté puis on pratique à la maison puisque sa confiance en elle et sa réalisation personnelle sont importantes pour moi; je souhaite autant qu’elle prenne plaisir à la vie qu’elle soit confiante et épanouie personnellement.
On aborde des inconnus avec des bonjours, des sourires, le tout couronné de s’il vous plaît et de mercis. Les bonnes manières sont des habitudes à prendre tôt; autant mieux vaut tard que jamais… Exact, je fais désormais tout comme elle le lit au matin.
Avec le temps, j’ai compris qu’éduquer une jeune fille pleine de vie, c’est surtout me connecter à son univers plutôt qu’en être simplement témoin. On profite ensemble de la vie créant nos moments sans gêne, sans inhibitions, puisant nos inspirations dans le rire encore et encore. On rit, on aime et on joue.
Quand je repense à mes craintes de ne pas être à la hauteur d’élever une petite fille en tant qu’homme ou celle d’être trop vieux, trop déconnecté pour y parvenir, je me dis que tant que nous rirons et que nous partagerons nos folies, nous ne pourrons qu’en devenir meilleurs tous les deux.
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