Ma fille, je suis désolée que l’on t’impose autant de pression et ce, depuis que tu es née.
Avant même ton premier anniversaire, tu étais déjà condamnée. Selon les «normes» et les grandes théories de l’enfance, tu as pris trop de poids dans les premiers mois, pas assez dans les suivants, tu t’es tenue assise trop tard, tu as marché trop tard, tu as parlé trop tôt… Mais moi, je m’en foutais, parce que j’adorais t’entendre babiller.
À six ans, tu n’étais «pas de calibre» dans ton équipe de baseball et quelques vantards te l’ont fait savoir. «Ah, pourquoi on n’envoie pas mon fiston au lieu de cette petite-là, on est à deux retraits en huitième manche pis elle ne sait pas frapper?!» Mais moi et toi, nous, on s’en sacrait, parce que tu t’amusais.
À huit ans, tu tournais à gauche quand il fallait que tu tournes à droite dans ton spectacle de danse et ça en a fâché trois ou quatre prétentieux qui voyaient le spectacle de leurs enfants comme une audition pour un show de Broadway. Mais moi et toi, nous nous sommes fait un high five parce que malgré le stress et la pression, c’était une des deux seules fois où tu t’étais trompée.
À neuf ans, tu as échoué ton examen de maths parce que pour toi, les multiplications, c’est compliqué. Ton père a beaucoup angoissé et était déjà prêt à te donner des cours privés… Et si sa fille venait qu’à échouer, pour quel genre de parent allait-il passer? Mais, ta prof, moi et toi, avons réussi à relativiser parce que c’était la première fois que tu en faisais et que c’était normal de se tromper.
Ma fille, à onze ans, je t’ai vu pleurer parce que tu avais peur d’échouer, parce que tu avais peur de ne pas être acceptée dans le programme que tu avais tant souhaité. Et c’est là que mon cœur de mère a flanché; tu venais de comprendre que peu importe les efforts que tu mettais, peu importe les rêves que tu avais, pour certaines personnes, tu ne serais jamais à la hauteur de leurs attentes. Mais c’est là que j’ai décidé de te prendre la main et de te faire jurer que jamais tu laisserais les autres définir ce que tu vaux.
Je te l’annonce ma belle grande fille, peu importe ce que tu fais, ce que tu feras, il y en aura toujours pour te blâmer d’avoir trop ou pas assez fait. Ma fille, tu ne seras jamais à la hauteur, laisse faire ça et fonce ma belle.
Ma fille, tu choisiras de faire des études longues ou pas, on te jugera, mais fais le métier que tu aimes et sache que je serai toujours fière de toi.
Ma fille, tu choisiras d’avoir des enfants ou pas, on te blâmera d’être trop égoïste, trop insouciante ou d’être trop mère poule, mais sache que peu importe, je serai toujours fière de toi.
Ma fille, si tu as des enfants, peu importe ce que tu choisis comme modèle d’éducation, on te critiquera, on dira que tu es une bien mauvaise mère, mais sache que peu importe, j’ai confiance en toi et en ton jugement et que je serai toujours fière de toi.
Ma fille, sache dès maintenant que de plaire à tout le monde est impossible, mais que de te plaire à toi te sauvera bien des heures de culpabilité inutile, je sais de quoi je parle. Sache que souvent, la critique vient de ceux qui croient détenir la vérité et que peu importe tes arguments, à leurs yeux, tu auras toujours tort, parce que tu ne penses pas comme eux.
Ma fille, ouvre tes yeux, ton esprit, accepte les critiques qui font grandir, les revers qui font mal, les refus durs à encaisser, mais ne te laisse pas détruire parce qu’on te laisse croire que tu n’es pas à la hauteur.
Ma fille, tu ne seras jamais à la hauteur, mais ne fais pas comme moi, ne te blâme pas, fonce, mords dans la vie, aie confiance en toi. Ne perds pas ton temps à défendre qui tu es.
Ma fille, je suis si fière que tu ne sois pas à leur hauteur et que tu sois à ta hauteur.
N’oublie jamais que je t’aime,
Maman xxx
J’en ai les larmes aux yeux tellement c’est vrai! Bravo et merci!
J’ai 36 ans et j’attends encore que ma mère me dise ces simples mots mais alors que je suis au fond du trou elle appuie encore sur ce qui fait mal et j’ai l’impression de m’enfoncer un peu plus. Je ne suis pas assez ceci, trop cela… ni une bonne femme ni une bonne mère et je sombre toujours plus.
Alors merci je me servirais de vos mots pour mes filles pour leur montrer à quel point je suis fière d’elle pour qu’elle n’ai jamais honte d’elle même ni de ce qu’elles font (contrairement à moi) car elles sont mes merveilles et tant pis pour ceux qui penseront différemment.
Je crois qu’il est trop tard pour moi mais je veux q’elles croient en elles et qu’elles sachent qu’elles sont ma fierté mon bonheur et qu’elles aient tout simplement foi en elles.
Alors encore merci pour elles