Ça y est, t’as accouché. Une fois revenue de la maternité avec ton petit paquet de bonheur entre les bras, t’essayes de trouver ton rythme et ta routine avec ta nouvelle réalité de maman. Tu dors pu, t’as les jambes aussi poilues que Cheeta, tu portes du linge mou toute la journée pis tu te laves juste quand bébé pleure pas. C’est-à-dire pas souvent. Tu saignes ta vie dans des serviettes hygiéniques aussi épaisses que le Petit Larousse Illustré Format de Luxe pis t’as de la misère en maudit à sentir que t’es une femme, pas juste un garde-manger sur pattes. T’es en plein babyblues, à te vider les canaux lacrymaux en errant sans but dans la maison avec bébé dans les bras en te disant que c’est la plus belle chose que la vie t’aie offerte mais en même temps t’es en gros deuil de ta bedaine que t’étais pu capable de voir il y a encore quelques jours à peine.
Bref, t’as pu de face.
C’est là qu’arrive ton chum avec ses «besoins». Il s’approche de toi avec un éclat lascif dans les yeux et susurre ton nom sur un ton qu’il s’imagine «cochon». Là tu le regardes direct dans les yeux avec un air tu-me-niaises-tu-penses-y-même-pas mais comme ça fait déjà quelque temps que t’as pu vraiment de face, il comprend pas le message t’sais. Alors il te sort son gros charme en pensant avoir droit à son nanane. Mais toi, depuis que t’as accouché, tes seins sont clairement devenus la propriété de junior et n’ont plus aucune vocation sexuelle. Juste à l’idée que ton chum te les taponne, tu songes sincèrement à le castrer. Sans parler de ton vagin meurtri.
Quand t’essayes d’expliquer ça tranquillement à monsieur, son cerveau semble avoir foutu le camp quelque part entre Saturne et Uranus. Tu vires cramoisie pis la gueule te tombe par terre.
Qu’est-ce qu’il y a de si érotique à te voir avec ton muffin top fraîchement sorti du four encore parsemé de vergetures, ta ligne de gros poils noirs sur le nombril pas encore tombés, ton linge mou, tes seins lactés, tes cheveux gras pis tes grosses bobettes de matante spécial «allo, je saigne» ?
C’est là que tu commences à te sentir comme un trou – un point c’est tout – et non comme une femme désirable. Fait que babyblues oblige, tu pars à brailler. Ton chum comprend pas, pense que c’est une feinte et se fâche en te lâchant d’un ton bête comme ses pieds un c’est-beau-laisse-faire-d’abord pour te faire sentir cheap.
Heille. Menute papillon.
Ça fait des mois que tes propres besoins sont les derniers sur ta to do list pis tu sais que t’as pas fini de passer la dernière avec ton bout de chou qui est enfin arrivé. Ça fait que c’est pas le moment de te faire sentir mal parce qu’aujourd’hui t’as pas le goût de fourrer!
Tu l’aimes ton chum, sinon t’aurais pas fait d’enfant avec lui, mais t’as besoin de t’aimer toi aussi avant de t’offrir à lui. T’as besoin de sentir à nouveau que t’es une femme. Que t’as d’autres fonctions que celles de nourrir, changer et bercer.
Fait que là, si ton chum comprend toujours pas, c’est le moment où tu lui garroches la boîte de Kleenex en lui pointant la porte de la salle de bain d’un air résigné.
«Chéri, je te jure que ça n’a rien de personnel et que ça ne durera pas, mais pour l’instant peux-tu juste aller te crosser pis me foutre la paix?!»
LA COLLABORATRICE DANS L’OMBRE |
OMG, cet article est GÉNIAL! Je ne suis plus seule! hahahahaha! 🙂