Tu savais que ça arriverait un jour. On t’avait avertie qu’entre quatre et sept ans, il y avait beaucoup de petits curieux. Tu l’as toi-même probablement vécu avec un ami, un cousin ou un petit voisin mais t’avais oublié qu’un jour, ce serait le tour des tiens de jouer au docteur.
T’as sûrement remarqué que depuis un certain temps, ton mini et ses amis ont commencé à devenir subitement très silencieux lors d’activités mixtes. Ils ont commencé à murmurer, rire et se cacher de tes yeux de faucon averti. Quand t’approches de la chambre, la porte se referme souvent rapidement ou ils te regardent tous l’air de dire quoi-on-a-rien-fait-mais-ça paraît-en-maudit-qu’on-ment. Zéro subtilité.
Un zip de pantalon qui remonte à la vitesse éclair, des petites joues rouges, des petits rires nerveux.
Et oui, cette phase sordide mais apparemment normale – sauf pour ton chum qui considère toujours sa fille asexuée – est bel et bien arrivée. Tu te répètes en boucle que c’est sain pour leur développement; ils se questionnent, ils remarquent les différences, ils veulent comprendre. Mais tu as beau savoir tout ça, ça vient te chercher dans ton rôle de parent. Tu ne veux pas les traumatiser ou les chicaner, mais tu souhaites pas non plus trouver tout le petit voisinage à poil dans ta garde-robe.
Tu y vas donc avec les classiques phrases : « Tes parties intimes t’appartiennent à toi seule, tu dois pas les montrer à tout le monde. » « C’est ton jardin secret à toi! », etc.
Après t’être donné bonne conscience en te répétant que tu as réglé ça et que t’es pas mal bonne et open de discuter de sexe avec tes enfants, tu jases avec tes amies desdites activités de découverte de ta progéniture et tu essaies de passer ça un peu à la blague. Vous riez toutes jaune en espérant ne pas avoir à remettre le couvert la semaine prochaine.
Mais bon, ça fait partie de la vie et qui sait ? Y’a peut-être réellement un futur docteur en formation dans votre gang d’enfants ?
ANNIE VALOIS |
Laisser un commentaire