Ta maudite libido, mon homme

Mon chum, l’heure est venue d’avoir cette discussion que je repousse à l’infini en me cachant la tête dans le sable tout en clamant une migraine pendant que tu me taponnes en dessous des couvertes dans l’espoir de m’allumer le soir à dix heures.

Avant toute chose, je veux qu’on se comprenne ben comme il faut. Je te trouve beau. Comme au premier jour. Et j’ai du désir pour toi. Des fois.

Je sais que c’est difficile à se figurer pour toi, mais moi, je ne lève pas au vent et m’envoyer en l’air n’a rien d’un exutoire ni le pouvoir de me vider l’esprit comme tes testicules. L’esprit plein, moi, je n’ai même pas le goût de faire l’étoile.

Je suis mal faite de même. Mon esprit est probablement aussi rempli et bouillonnant que tes testicules le sont quand ça fait trois semaines que je te dis non. Il est préoccupé par un paquet de choses qui l’accaparent et quand il réussit à prendre une pause, il est dix heures le soir et mon corps au grand complet me hurle qu’il a besoin de huit heures de sommeil non consécutives entrecoupées par les cauchemars de l’un de nos enfants et le caca de l’autre.

Et si, par bonheur, mon esprit prend des petites vacances avant de crouler sous l’effet de la fatigue, mon corps n’a pas plus envie de s’y mettre. Il a le goût de se coller, il a le goût de jaser et il se peut même qu’il ait bien envie de te frencher. Mais ça ne l’anime pas forcément pour autant de s’adonner à une partie de jambes en l’air pendant une demi-heure. Il a juste besoin de calme. Il a rien que besoin de tendresse et de caresses. C’est fâchant pour toi, je sais.

Force est d’admettre que je rentre dans le moule. Que ma sexualité est en train de rejoindre d’une majorité de femmes en couple depuis bon nombre d’années. Des femmes qui trouvent que faire l’amour une fois par semaine, c’est suffisant et qu’au final, quand on se compare, on se console parce que bien d’autres ne franchissent pas le cap de la fois par mois.

Je suis tout à fait consciente que mes envies et les tiennes sont à des milles à pied les unes des autres et loin de moi l’idée de prétendre que tes besoins sont moins importants que les miens. Mais je me vois mal me forcer. Tu ne veux certainement pas le savoir mais je l’ai déjà fait, je n’ai pas eu de plaisir et c’est une chose que je ne veux plus revivre. Ceci étant, maintenant, j’attends de le sentir pour te faire signe. J’essaie de me crinquer, même, des fois, quand je sais qu’on est plus que dus. Parfois ça marche. D’autres fois, ça continue de ne pas me le dire plus que de passer la balayeuse.

Il me semble clair que je ne sentirai jamais aussi souvent que tu le voudrais le besoin de faire l’amour. Et même si ça me tape souvent sur les nerfs de sentir la pression que tu me mets sur le dos bien malgré toi, d’autres fois, ça me fait peur, parce que je crains que ce que je t’offre ne soit plus assez. Que ça te déprime. Que ça te manque. Ou que tu ailles voir ailleurs. Et je me mets à chercher une solution dans laquelle tu serais heureux et je me respecterais.

Ça fait que mon homme, c’est dit. Je t’aime, je veux rester avec toi toute ma vie. Et j’aimerais ça qu’on trouve notre façon à nous de bâtir un pont au-dessus du précipice qui sépare souvent beaucoup trop d’hommes et de femmes qui s’aiment.