Maman. Ce mot si précieux à ton coeur. Ce mot auquel t’as tant rêvé, avant d’en être une. Ce mot si simple, si commun, mais chargé d’amour lorsque ta progéniture s’adresse à toi. Ce mot, que seule ta marmaille peut utiliser pour te nommer. Ce mot, qui brise le cœur de celles qui rêvent d’en devenir une, mais pour qui la vie en a décidé autrement.
Ben ce mot-là, on va se le dire franchement, certains jours, ça peut rendre ladite maman qui le reçoit complètement folle. Oui. Ça peut. Y’a des circonstances atténuantes, où l’appel à la maman par ladite marmaille peut donner le goût de plaider la folie.
Lorsqu’il est surutilisé, ceci inclut lorsqu’il est dit trop fort, trop aigu, trop longuement, trop souvent.
Lorsqu’il vient sur le ton de maman-je-t’appelle-tu-dois-absolument-me-répondre-maintenant-ma-vie-en-dépend, alors que, clairement, aucune vie n’est en jeu ici.
Lorsqu’il prend la forme d’un crescendo juste ben agressant: Maman? (pause de deux secondes) Maammaann?! (pause d’une seconde) Maaaaaaammmmmaaaaaaaannnnn!!! (pas de pause) MAAAAAAAAMMMAAAAAAANNNNNNNN?!?!
Lorsqu’il sert à demander quelque chose à ladite maman, qui-est-aux-toilettes-la-porte-barrée-soit-dit-en-passant, alors que ledit enfant se trouve à côté dudit papa.
Y’a des jours où tu te demandes franchement pourquoi c’est toujours à toi, tout. le. temps. que tes enfants font leur trois mille demandes
Maman, j’ai faim. Maman, j’ai soif. Maman, mon nez coule. Maman, j’ai fini mon caca. Maman, j’ai rien à faire. Maman, j’ai froid. Maman, t’es où? Maman, peux-tu m’aider? Maman, tu veux jouer avec moi? Maman, je veux maman! Si grand soit le privilège/la chance/la reconnaissance que t’as que tes petits croient que t’es la seule au monde qui puisse répondre à leurs demandes/appels/cris du coeur, parfois c’est juste trop, pis les fils de ton impatience maternelle se touchent.
Ça fait que ces fois-là, par naïveté, par déni, ou pour cause de délire, tu te dis que, peut-être que si tu ne réponds pas, ta marmaille va finir par se tanner, comprendre pis demander à papa. Tu t’imagines que, par je ne sais quel miracle, soudainement, ils vont déchiffrer le sens de ton absence de réponse. Qu’ils vont se dire, ‘ »Hum, maman répond pas, elle doit avoir une bonne raison. Hey, regarde donc ça, papa est juste à côté de moi. Je pourrais lui demander à lui. »
Mais non. Les miracles, ça n’arrive pas quand on les attend. Alors en réponse à ton silence, ta progéniture fait juste pousser la note de son crescendo encore plus haut jusqu’à ce que tu pognes les nerfs solidement pis que tu répondes, sur une pas pire note toi aussi, « JE. SUIS. OCCUPÉE. DEMANDE À PAPA! ».
T’sais, je suis occupée comme dans tu-ne-vois-pas-que-je-suis-assise-sur-la-toilette-et-que-j’aimerais-faire-pipi-tranquille. Comme dans je-suis-dans-la-douche-présentement-je-peux-pas-gérer-le-conflit-qui-se-passe-dans-le-salon. Comme dans je-suis-encore-couchée-alors-que-papa-est-levé-il-peut-sûrement-te-donner-tes-céréales.
Heureusement, hormones aidant je suppose, ce n’est pas tous les jours que ça arrive. Qu’ils abusent du mot, oui. Mais que tes fils se touchent, non. Par chance.
Pis quand ils abusent mais que t’es dans un état d’esprit tout-ce-qu’il-y-a-de-plus-calme, ben tu réponds présente à chacun de ces appels. Avec le sourire même, la plupart du temps. Pis tu donnes à boire, à manger, tu essuies le nez qui coule, les fesses d’après caca, tu divertis, tu réchauffes, tu aides, tu joues.
Bref, tu fais tout ce qu’une maman fait de mieux, tu prends soin de ton petit. Pis t’adores ça. Jusqu’au prochain « maman » de trop.
MELIANE |
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