J’ai toujours su que je ferais un million de fois les mêmes mouvements pour cette marmaille si précieuse que j’avais choisi d’avoir. C’était une évidence, ça faisait parti du défi d’être parent, des montagnes à surmonter encore et encore et encore.
Devant une telle fatalité attendue, avais-je d’autre choix comme parent que de l’accepter et de m’y résigner ?
Je devais donc me faire au fait que je ramasserais une pile exposant mille de vêtements éparpillés en chemin vers les toilettes. Que je changerais des couches un million de fois. Que je nettoierais des dégâts plus collants les uns que les autres. Que je moucherais des nez et ce, rhume après rhume. Que je répéterais les consignes cent fois. Que je ferais des décomptes plus souvent que je ne pouvais l’imaginer ( 5-4-GO-sinon-il-va-y-avoir-une-conséquence 3-2-!!!). Que je brosserais des dents, laverais des petits corps, apprendrais des mots étiquettes et ferais des collations et lunchs en multipliant les Ficellos et les raisins à l’infini.
Ces gestes répétitifs et progressifs, presque aliénants du quotidien, mais toujours aussi nombreux au fil des mois et des années font de ma vie de maman tout ce qu’elle est. Ces gestes pour mes enfants qui tendent vers l’indépendance et l’autonomie au prix de mille je-suis-capable alterné avec viens-m’aider.
Ces gestes répétitifs comme essuyer des larmes, embrasser un bobo, chanter une berceuse, faire fuir les monstres, emballer des cadeaux et écrire des petits mots cachés dans la collation.
Ils sont si nombreux, à en donner une tendinite de l’esprit, et cela peut sembler toute une tâche, un mont infranchissable qui ne sera traversé que le grand jour de l’indépendance quand les enfants quitteront finalement la maison. Et encore là.
Mais allez savoir pourquoi, ces gestes répétitifs sont aussi des actes de protection, d’affection et ils sont une routine d’amour et d’union. Et s’ils prennent parfois la forme d’un fardeau, je les perçois plus souvent qu’autrement comme un privilège. Ils sont le rappel quotidien que je suis quelqu’un, que je suis une mère. Ils sont rassurants et réconfortants pour mes enfants comme pour moi.
Un baiser, des chatouilles sur le dos avant le dodo, des histoires inventées et celles qu’on apprend à lire, des taquineries. Cette routine devient plus précieuse et indispensable que boire et manger.
Qui aurait cru que répéter encore et encore les mêmes choses me rendrait heureuse et vivante ? Qui aurait cru qu’à travers tout cela, c’est l’amour intrinsèque qui guiderait mes actes et les rendrait si précieux ?
Ce sont des souvenirs du quotidien, un fil de plus au lien invisible qui unit ma famille.
Ce n’est plus un poids ni une corvée. Ce sont des moments où je peux vivre encore à l’unisson avec mes enfants comme s’ils étaient encore en moi et à moi. Ces moments répétitifs font de moi leur mère et je n’ai rien de plus précieux au monde que cela.
Maintenant j’y vais. J’ai une couverture à remonter, un front à embrasser. Et qui sait demain, mais j’ai signé avec mon âme le contrat de ces vies.
Alors un moment à la fois. Un geste à la fois.
CYNTHIA DUBÉ |
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