Sous la tonne d’affaires que je me mettais sur les épaules, mon corps a fini par lâcher. C’est arrivé comme ça, en l’espace d’un été. Après des années à vouloir faire la fine, à vouloir tout gérer, parfaitement, tout le temps. Des années à être donc capable d’en prendre.
La vérité, c’est que j’en empilais trop sur mes épaules de fille-devenue-maman-mais-encore-femme-qui-réussit-à-concilier-tout-ça-haut-la-main. Ma tête trouvait donc ben que c’était comme ça qu’il fallait être. Que c’était juste normal d’être capable de tout faire.
Mais quand la tête est trop bornée, ben le corps, crois-moi, il peut l’être encore plus pour te faire comprendre que ça ne va plus. Qu’une fille a ses limites.
Alors il l’a fait. Il m’a lâchée.
Sauf qu’à ce moment-là, tu étais là. Toi, tu m’as pas lâchée.
Je ne crois pas que tu comprenais vraiment ce qui se passait avec moi, mais tu me jugeais pas. T’étais juste là. À mes côtés. À m’attendre.
Les journées que j’ai passé couchée, parce que pu capable de m’occuper de moi et encore moins des enfants, tu me les as jamais reprochées.
Les soirs où j’étais assise devant la télé, les yeux dans le vide, pendant que tu faisais les devoirs, le souper, la vaisselle, les lunchs et les bains, je n’ai jamais entendu le moindre soupir de découragement envers moi.
Et là nuit venue, dans le lit où t’as perdu ta blonde pleine de désir au profit d’une fille avec zéro libido, t’es pas allé voir ailleurs même si des fois, t’en avais plein le casque de te faire dire non. Parce que ton désir à toi, il n’était pas éteint et parce que derrière cette fille que tu ne reconnaissais plus, tu percevais encore l’ombre de celle que tu aimais et que tu trouvais si belle.
Tout ce temps-là, t’as été là pour moi et les enfants, à ne jamais rien demander en retour.
À juste être. Là. Par amour.
Ça m’a pris du temps mais ma tête a fini par comprendre ce que mon corps voulait me dire et tranquillement, je suis revenue à la vie, dans notre vie, avec toi pis nos chéris.
Pis là, le quotidien a repris son cours, comme avant mais différemment aussi. Et je me rends compte que je te l’ai jamais dit.
Je t’ai jamais dit à quel point ta présence, pendant mon absence, m’avait aidée. Parce que tu m’as aimée avec mes faiblesses, que tu les as acceptées, plus que moi j’en étais capable. Parce que tu m’as pas jugée pis parce que t’es resté. Parce que t’as jamais demandé que je sois parfaite.
Parce qu’être un homme, ça veut aussi dire être capable de soutenir sa femme quand elle doit prendre soin d’elle, pour sa propre survie, t’as été un homme, un vrai.
Et pour tout ça, merci d’être mon homme.
MELIANE |
Laisser un commentaire