Le trophée maternel

Est-ce que c’est moi ou il y a quelques mères qui semblent vouloir remporter le trophée de la best-wonder-mother-of-the-world ?

« Moi j’ai allaité, pas toi.» (sur un air condescendant)

« Moi j’ai utilisé des couches lavables, pas toi.» (même air)

« Moi je n’ai pas utilisé la méthode 5-10-15 et mon enfant dort mieux-plus longtemps-depuis plus-longtemps que le tien. »

« Moi l’accouchement, facile, y’a rien là! Je n’ai pas eu besoin de la péridurale tellement ça chatouillait. »

Et s’ensuit un combat épique à coups de griffes pointues et d’arrachage de cheveux pour savoir laquelle de ces gentes dames a le mieux-bien-sans-souffrir-le-martyre expulsé le fruit de ses entrailles à l’extérieur de son utérus.

Wô minute papillon.

Tu veux quoi au juste en démontrant au monde entier que tu es la meilleure ? Une médaille, une tape dans le dos, un message de tes quatre-cent-soixante-deux amis Facebook qui te félicitent d’être la best et qu’ils ne t’arrivent pas à la cheville?

Aujourd’hui, j’ai une petite nouvelle pour toi ma beauté. Assis-toi et ouvre tes oreilles parce que je te le dis officiellement.

Félicitations, tu es effectivement la meilleure maman du monde.

Oui, oui, toi. Toi et ton amie Martine, et ta voisine Alice, et la fille que tu ne connaissais pas et que tu jugeais au magasin parce qu’elle donnait un biberon, et l’autre qui regardait, découragée, sa progéniture faire une remarquable danse du bacon trop cuit en plein milieu du Maxi.

On a-tu vraiment besoin de se vanter de nos exploits en rabaissant, dégradant et jugeant les autres pour se rendre compte qu’on est toutes des super moms ?

Tu fais ce que tu peux?

Tu fais de ton mieux?

Tu aimes ta marmaille d’un amour aussi grand que l’infini, tellement que tu ne peux même pas l’expliquer?

Et bien, pour ton enfant, à travers ses petits yeux à lui, tu es sa maman, la meilleure, la plus belle, la plus gentille, la plus tout et ça, ça fait de toi la meilleure devant toutes les autres.

Alors, toi qui n’as pas dormi depuis des mois, toi qui bois ton café froid réchauffé trois fois, toi qui allaites en grinçant des dents de douleur, toi qui donnes un biberon, toi qui fais tout pour que ton enfant ne manque de rien, à toi je lève mon verre. Ben quoi, rien qu’un petit verre.

On est mères, on est merveilleuses et on mérite toutes un trophée.

KARINE PILOTTE