La maudite normalité.
Ce satané concept qui devient obsédant quand on est une maman. Il y a tout le temps quelqu’un, quelque part, pour nous rabattre les oreilles avec ce qui est soi-disant normal ou pas.
« Ton enfant ne se tient pas assis encore? Hiiii… C’est pas normal… »
« Ton enfant ne fait pas encore ses nuits! Ben voyons, rendu à son âge, c’est vraiment pas normal… »
Et le vraiment très sympathique :
« C’est pas normal que tu réagisses comme ça, la mère…»
Moi, j’en ai plein mon casque de ces commentaires ultra-angoissants – et blessants, osons le dire – sur ce qui est supposément normal ou pas dans la vie de mon enfant ou dans ma propre vie de mère.
Ça fait que je vais remettre quelques pendules à l’heure.
Normal, e, aux : « Qui est conforme à une moyenne considérée comme une norme; qui n’a rien d’exceptionnel; ordinaire, habituel. » Définition tirée de mon ami le Larousse.
Là, tu te dis peut-être que j’ai choisi la définition qui fait mon affaire. En voici donc une autre, juste pour être certaine que tu saisisses mon honnêteté.
Normal, ale, aux : « Conforme à la norme, à la moyenne, à l’habitude. » Définition tirée de mon ami le Multi.
Là, j’imagine que je ne suis pas obligée d’aller chercher mon ami Robert pour te faire valoir mon point? Merci.
Donc, être normal, c’est être dans la moyenne. Grande révélation pour plusieurs qui te permettra de leur fermer le clapet. T’sais, ça veut dire qu’il y a des être humains qui se retrouvent en bas de la moyenne et d’autres, en haut. C’est le principe même d’une moyenne. Si tu as fini ton primaire, tu sais de quoi je te parle.
Donc, si ta belle-mère/voisine/inconnue-qui-se-mêle-pas-de-ses-affaires te mentionne que ton bébé DOIT faire ses nuits à tel âge ou tel âge sinon ce n’est pas normal, tu pourras revoir avec elle ses connaissances en mathématiques. Pis là, garde en tête que ce n’est pas tout le monde qui a la même moyenne dans sa tête : tout dépend quelle version du Mieux-Vivre ils ont lue. Parce que même le sacro-saint Mieux-Vivre revoit ses moyennes plus souvent qu’à son tour. Juste pour te mêler.
Pis là, je t’ai pas encore parlé des percentiles, le démon de la croissance de ton enfant. Des courbes de croissance, si tu prends la peine de chercher sur les zinternets, y’en a une pis une autre pis c’est probablement même pas la même que celle que ton médecin utilise. Encore une fois, je me permets de te rappeler que si tous les enfants étaient dans la moyenne du cinquantième percentile, on n’aurait pas besoin de courbe.
Mais dans la vraie vie, les enfants sont pas tous pareils. Pis une maudite chance.
Ça fait que si ton enfant est dans le dixième percentile ou s’il est comme le mien et qu’il n’y a pas de percentile assez haut pour lui, ben c’est correct.
Je ne te dis pas de ne pas t’inquiéter des signes que pourrait présenter ton enfant en cas de problème de santé, je suis pas folle quand même. Je te dis juste de t’enlever de la pression afin que ton enfant rejoigne la moyenne. Laisse parler le monde. Pis t’es même pas obligée de répondre au pire.
Et le bout de la définition qui dit qu’être normal, c’est être ordinaire et n’avoir rien d’exceptionnel ? Moi quand je lis ça, je me rends compte que mon enfant est peut-être pas normal dans le fond. Parce que mon petit, il est tout sauf ordinaire. Il est encore mieux qu’exceptionnel.
Pis toi, la mère, es-tu normale? Atteins-tu les normes de la maternité?
Norme : « Critère, principe auquel se réfère tout jugement de valeur moral ou esthétique. » Encore de mon ami Larousse. On est ben chums lui et moi.
Oupelaï. Donc lorsqu’on me qualifie de mère pas normale, on me juge. On juge mes façons de faire. On juge ma manière d’être. Souvent à partir de critères inventés de toutes pièces par la personne qui fait ce jugement. Pas certaine d’apprécier.
Pas que je remette en doute les principes de tout le monde; au contraire. Je crois que chacun a droit aux siens. Mais j’ai aussi droit aux miens.
La norme est donc relative ma chère. On compare souvent les autres à ce que nous sommes nous-mêmes, c’est souvent la base de notre propre norme.
Ça fait que tu es normale. Pour toi. Même si tu ne fais pas des cupcakes tous les dimanches après-midis en sifflotant ton bonheur.
Mais si tu le fais, tu es normale aussi.
Ça fait que maintenant, relaxe un peu plus avec le monde qui te parle de la maudite normalité.
Calme-toi pis vis ta vie un peu.
Dans ta propre normalité.
AUDREY ROY |
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