Je me souviens d’une fille aux cheveux rouges. Elle passait ses soirées au p’tit café-bistro du coin à faire ses devoirs avec ses chums et jaser jusqu’aux petites heures du matin, café à la main. Elle retournait chez ses parents, dormait peu (à cause de trop de caféine dans le sang) et repartait tôt le matin, avec une énergie débordante. Cette fille-là, elle avait tout l’avenir devant elle, des projets plein la tête. Je me souviens d’une fille souriante, drôle, frivole, gentille, téméraire, qui n’avait pas d’angoisses, pas de responsabilités sinon réussir ses cours et travailler dans une petite boutique à temps partiel. Le vendredi soir, elle faisait la fête jusqu’au lendemain, dansant et chantant à tue-tête avec sa vodka-canneberge ou sa bière.
Je l’aimais bien, cette fille. Tu l’aurais aimée toi aussi. Elle avait dans les yeux une étincelle, un je-ne-sais-quoi qui la faisait se démarquer des autres.
Puis, les saisons ont passé, le temps a fait son œuvre, emmenant avec lui sur son passages des doutes, des peines, des épreuves, une multitude de combats, mais aussi des joies, de l’amour, des victoires et du bonheur.
Je vois maintenant une jeune femme, une jeune maman comblée, qui semble porter le poids du monde sur ses épaules. La fatigue et le stress marqués sur son visage, dévoilant quelques rides sous ses yeux pochés. Les cheveux ébouriffés, le dos courbé, café froid à la main. La tête remplie de soucis, de j’ai-tu-oublié-quelque-chose, de factures à payer, de tâches à effectuer, d’enfants à qui penser, d’horaires de fou à planifier.
Les vendredis soirs qui jadis débutaient avec un premier drink à 22H00 se terminent maintenant au lit vers la même heure, épuisée, vidée. Mais au lieu de trouver les bras de Morphée, elle a de la difficulté à trouver le sommeil. Maudite insomnie, tête trop remplie.
Parfois, elle pense à la fille qu’elle était avant.
Malgré tout, pour rien au monde, elle ne voudrait retourner en arrière. Sa vie est remplie, pas toujours facile, mais c’est la vie, c’est la sienne, celle qu’elle a choisie et dessinée. Et elle l’aime bien, cette vie-là.
Elle doit juste essayer, parfois, de s’arrêter un peu. Prendre de grandes respirations, prendre du temps pour elle, enlever un peu de poids inutile qui pèse sur ses épaules.
Elle doit cesser de s’en faire pour tout et pour rien, arrêter de vouloir tout contrôler, apprendre à en prendre et à en laisser. Choisir ses combats, Rocky Balboa lui-même en a perdu quelques-uns.
Elle doit juste essayer, parfois, de fermer les yeux et retrouver un peu de cette fille aux cheveux rouges, celle qu’elle était avant, celle qui était souriante, drôle, frivole, gentille.
En chacune de nous, il y a une fille aux cheveux rouges.
Elle est là, pas très loin.
Et il ne faut pas l’oublier. Pas complètement.
KARINE PILOTTE |
Merci ?, on est sans doute toutes un peu comme ça!
Mais, on croit aussi qu’on est la seule.
Alors ça fait du bien des messages comme ça!
Tendresse et affection pour vous si loin géographiquement et si près dans le resssentit!
Je vous kiffe grave depuis outre-Atlantique!