Après quarante-huit heures passées dans ta sombre chambre d’hôpital, tu es enfin prête à affronter le monde avec ton petit paquet d’amour dans les bras. Tu le sens, tout a changé. Tu fais maintenant partie d’une nouvelle communauté et tu es persuadée qu’un paquet de mamans vont t’aider, t’encourager et te soutenir dans ces nouvelles épreuves aventures qui se dessinent à l’horizon. Comme t’es naïve ma belle.
Tu vas en croiser des petites mamans toutes gentilles et compatissantes, mais pour une comme celles-là, tu devras te tenir debout face à dix autres qui te rentreront dedans sans pitié. Le pire, c’est qu’elles ne réaliseront même pas le mal qu’elles te font.
Tu te pointeras au CLSC, les hormones au plafond et le moral dans les talons parce que tu veux poser tes mille et une questions à quelqu’un de – possiblement – compétent. Et là, sans prévenir, tu vas croiser une maman qui va te démolir.
« Ah t’as encore une belle face, mais watch out dans deux mois tu vas telleeeeeemeeent être cernée! »
Ça veut dire quoi, cette phrase-là? Que tu ne fais pas trop dur mais que ça ne durera pas ? Pourquoi elle te dit ça? Parce qu’elle l’a vécu? Pourquoi elle ne se contente pas de saluer ta face de survivor ?
Et que dire de ta chère collègue qui, en tétant son p’tit café, va te déclarer de ne pas t’en faire, que c’est la première année la plus dure. C’est long, un an. Et si ton moral était pas fort ce matin-là, ce ne sera rien pour l’aider.
Des énoncés de ce genre, il en pleut. Des phrases qui semblent anodines et qui, en même temps, te rabattent le caquet dès qu’elles sont prononcées.
Tu sais, c’est pas parce que t’as mangé de la misère que ça doit inévitablement arriver aux autres aussi. Ça fait que la prochaine fois que tu rencontres une maman qui est fière d’un détail insignifant d’une prouesse de son bébé, ferme donc ta boîte, souris, pis acquiesce à ses propos. Appuie-la. Sois son amie. Pis pour l’amour, pètes-y pas sa balloune. Elle a le droit d’être fière que son bébé n’ait pas hurlé sa vie à son vaccin, elle a le droit d’être heureuse que son p’tit vienne de faire sa première nuit pis tant mieux si son allaitement est bien parti.
Peut-être que pour elle, rien que ça, ça fait sa journée.
Sois pas la maman désagréable qui inspire des textes sarcastiques. Sois celle avec qui on les dénonce.
LA COLLABORATRICE DANS L’OMBRE |
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