Je te le dirai jamais assez à quel point il y a autant d’individus que d’expériences pis que t’as le jugement facile parce que tu te réfères toujours rien qu’à la tienne. Comme si, de par ce que t’as vécu, tu détenais la vérité absolue sur le bien pis le mal pis le mode d’emploi de la vie de tout un chacun.
Tu clames haut et fort qu’il faut vivre et laisser vivre mais t’es systématiquement outrée par tout ce qui dépasse ton cœur, ta tête, tes valeurs ou les trois, pis c’est à peu près là que ton incroyable capacité à te mettre dans la peau des autres disparaît comme par magie en laissant une longue traînée de poudre de jugement derrière toi, salissant ce qui, sans être blanc comme neige, était bien loin de la teinte verdâtre que tu lui donnais.
On peut-tu se saluer pis se soutenir dans toute notre imperfection maternelle ? On peut-tu arrêter de se taper dessus à grands coups de reproches, de gros yeux pis de poings levés dans les airs ? On peut-tu se dire que la façon de faire de la voisine sera jamais la nôtre mais que c’est pas une raison pour la condamner à la peine de mort, lui cracher dessus pis lui claquer la porte en pleine face ?
Je le sais ben, que quand on parle des p’tits, ton cœur s’emballe. Je le sais ben que ton objectif ultime pourrait difficilement être plus noble. Sauf que je pense que t’as oublié que le cœur de cette mère-là, sur laquelle tu abats ton jugement, y tient autant que toi, à ses p’tits à elle, pis qu’elle aussi fait des pieds et des mains avec la broue dans le toupet pour donner le meilleur d’elle-même chaque jour.
Ça fait que ton jugement dernier, il me semble que tu pourrais le garder chez vous.
T’es grande, fille, mais tu ne disposes pas de la science infuse.
Ça fait qu’ouvre tes yeux pis ton esprit, pis accepte que la vie n’est peut-être pas en tout point comme tu la conçois.
Après, il me semble qu’ensemble, on va réussir à faire quelque chose de pas pire.
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