Mon enfant, je pense à toi, le cœur empli de culpabilité. Je ne souhaite que ton bonheur, mais ta vie semble être un enchaînement de dommages collatéraux issus de la mienne. Si je m’écoutais, nous déménagerions encore, te changeant d’école, te faisant te créer de nouveaux amis. Ce ne serait pas ta faute, mais ta vie en serait bouleversée.
Après que ta maman et moi nous soyons séparés, j’ai échoué dans une nouvelle relation à laquelle je croyais. Tout est fini et pourtant, je reste. Je reste dans cette toxicité, espérant que tu ne perçoives pas la tristesse, n’entendes pas les chicanes. J’essaie de te cacher tout cela, te souriant avec des yeux rouges et des joues marquées de larmes.
Je reste parce que je ne veux pas chambouler davantage ta vie. Je reste car la honte d’admettre un autre échec pèse plus lourd que ma détresse psychologique. Je suis tiraillé entre deux misères : celle d’ici ou celle du changement, de l’inconnu, de la solitude.
Je ne sais plus quelle vie je veux te montrer. Perpétuer cette relation semble futile, mais j’espère que tu verras l’importance de travailler sur soi, de persévérer, de ne pas abandonner.
Nous avons promis pour le meilleur et pour le pire. Ce n’est pas toi qui as fait cette promesse, tu ne devrais pas avoir à choisir de rester ou partir. Moi, je tente d’évaluer, me questionnant sans cesse : quelle part de meilleur et de pire suis-je prêt à accepter ? J’aimerais peindre l’image que tu garderas de nos vies, mais c’est toi qui la créeras, et je ne sais pas ce que tu vois, ni comment tu le perçois. Te souviendras-tu des tensions ou des efforts que j’ai faits pour t’épargner un autre bouleversement ?
Je voudrais savoir comment tu me vois, dans cette maison, dans cette relation. Mais tu es trop jeune pour le dire. Trop jeune pour comprendre, et moi trop perturbé par mes questions pour me mettre à ta place. Je me sens défait, vaincu, et je reste par manque de courage, écrasé par la honte et la culpabilité. Plus que tout, je reste dans l’espoir que ta vie ne soit pas seulement un dommage collatéral de la mienne.
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