maman et nouveau-né

Puis, tout à coup, tu as grandi

Je t’ai porté pendant près de quarante semaines au creux de mon ventre, puis pendant de nombreux mois au creux de mes bras avant de te prendre par la main, puis, tu as grandi.

Ta petite tête au creux de mon cou, la petite odeur de bébé neuf au creux du tien, ton visage bouffi, ta peau toute rose, tes petites jambes encore un peu recroquevillées, les pyjamas trop grands; tout ça est loin maintenant car tu as grandi.

Les becs sur les bobos, le dernier bisou de bonne nuit, ta petite main qui cherchait la mienne avant de traverser, tes visites dans mon lit la nuit après tes cauchemars; j’ai naïvement pensé que j’en aurais pour longtemps puis, tu as grandi.

J’étais impatiente de te donner naissance, pour ensuite avoir hâte que tu fasses tes nuits. J’ai écouté avec joie tes premiers babillages, pour ensuite avoir hâte d’entendre tes premiers mots, puis tes premières phrases. Je t’ai regardé commencer à te déplacer, pour avoir hâte de te voir faire tes premiers pas. Puis, tout à coup, tu as grandi.

Des joues bien rondes de bébé, tu es passé au bambin ayant le plus beau rire du monde, rapidement remplacé par un jeune enfant doté d’une curiosité infinie, puis dépassé par un grand en quête d’autonomie, chaque nouvelle phase remplaçant l’ancienne, sans que je ne sente la transition se faire. J’avais l’impression que toutes ces phases duraient depuis si longtemps, puis tu as grandi.

Tu as grandi et parfois, j’aimerais revenir dans le temps, quand tu étais petit, malgré l’impatience de te voir gagner en autonomie. J’aimerais que ta petite tête se blottisse au creux de mon cou, que tes blessures ne nécessitent encore qu’un bisou magique et te voir débarquer dans mon lit après un cauchemar, mais tu as grandi.

Malgré que ta petite main ne cherche plus désespérément la mienne pour traverser la rue, sache que qu’elle sera toujours là, jamais très loin, prête à ce que tu l’agrippes en cas de besoin. Parce que même si tu as grandi et que je me sens parfois submergée par tous les souvenirs de tous nos précieux moments passés, je resterai toujours ta maman.

Crédit : AleksandarNakic/istock.com

Ariane Gagnon

Jeune maman de quatre garçons d’âges rapprochés, la maternité a changé ma vie pour le mieux. À 18 ans, je fondais une famille tout en poursuivant mes études. L’action n’a jamais manqué chez moi et ça tombe bien car je carbure à l’adrénaline! Un projet ne vient jamais seul. Puis, au milieu de ce beau chaos, je trouve le temps d’écrire. À travers mes textes, j’espère vous faire voir les choses d’un oeil différent ou vous rappeler que vous n’êtes pas seules. J’espère pouvoir mettre les mots sur des maux qui ne s’expliquent pas, vous faire rire et surtout, vous déculpabiliser.

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