Mon bébé, depuis que je t’ai, mille émotions me traversent chaque jour.
Depuis que je t’ai, je n’arrive plus à discerner le pourquoi du comment, la cause de l’effet, l’important de ce qui l’est moins.
Depuis que je t’ai, mes émotions n’ont plus de nom.
L’amour que je ressens n’a aucune limite. Il est si grand qu’il tient à peine dans mon cœur. Il pourrait me faire faire des choses insensées et il m’étouffe quand je croise ton regard si pur ou quand ta petite main cherche la mienne. L’amour que j’ai pour toi n’a pas d’égal, rien de déjà vu. Il n’a pas de nom.
La colère que je ressens parfois est si soudaine, si forte, mais toujours mêlée à tellement d’incompréhension et de fatigue que je m’y retrouve à peine. Elle sort du lit qu’elle occupait avant, mais elle repart la seconde où je réalise que tu ne comprends pas plus que moi les émotions qui te traversent. Cette colère habituellement contenue peut atteindre des sommets dont j’ignorais l’existence et elle n’a rien à voir avec ce que j’ai connu jusqu’ici. Au point où je n’arrive pas à la nommer.
La fierté s’est habilement incrustée dans ma vie, dès ta naissance. J’étais fière de moi, d’avoir accouché. Mais dès ton premier sourire, ton premier boire, ta première dent, je n’ai eu d’yeux que pour toi. Je suis fière de t’avoir tricoté, mais je suis d’autant plus en pâmoison devant celui que tu deviens chaque jour. Je n’ai jamais ressenti une fierté si grande, si bien que je ne pourrais la nommer.
Ma culpabilité, jusque-là très réservée, est devenue une compagne de tous les jours au point où il arrive que je me sente coupable de me sentir coupable. On me dit que je suis assez si je fais de mon mieux et je n’ai pas à me sentir ainsi mais malgré tout, elle ne me quitte jamais. Comment vivre avec une compagne qui ne veut pas nous quitter et qu’on ne doit pas nommer sous prétexte qu’on n’a pas à vivre avec elle ?
L’émerveillement enfoui sous bon nombre de couches de désillusion depuis mon adolescence a refait surface. Sous mes yeux qui ne voyaient presque plus les étoiles, tu te transformes chaque jour. Je ne sais plus où regarder, je ne veux rien manquer, rien oublier. Mon cœur a rajeuni, mon sourire est plus franc, tes petits yeux ont ouvert les miens. Je redécouvre le monde avec toi, et ça me chamboule. Tellement que je peine à mettre un nom sur cette émotion.
La peur qui était presqu’absente de mon quotidien est devenue une ombre qui me suit partout. La peur de te perdre. La peur qu’il t’arrive quelque chose. La peur de devoir te quitter plus tôt que je n’aurais voulu. La peur de ne pas faire ce qu’il faut, la peur de ne pas être assez. La peur de manquer quelque chose, la peur d’oublier nos beaux moments. Elle est tellement mêlée à toutes sortes d’émotions qu’il m’est difficile de la discerner, de la nommer clairement.
La plénitude ne faisait que de rares apparitions dans ma vie avant toi, et de rares moments arrivaient où je me sentais à ma place, au bon moment. Je n’étais pas malheureuse, loin de là. Mais aujourd’hui, je me sens réellement « pleine », choyée, à ma place quand je suis avec toi. Ça déborde de partout quand on rit ensemble, ça coupe le souffle quand on s’amuse et que tu me fais un bisou. Je suis accro à cet état d’ivresse de bonheur, si bien que son nom m’échappe.
Tant d’émotions me traversent à chaque minute de chaque jour avec toi. Je passe rapidement de l’une à l’autre et j’en ai souvent le vertige. Elles viennent en duo, en trio et elles se présentent même parfois par dizaines au point où il me devient impossible de les nommer individuellement.
La vérité, mon bébé, c’est que mes émotions ont perdu leur nom et leur individualité, qu’elles se sont mélangées pour devenir un tout qui définit bien souvent le rôle le plus important de ma vie; celui d’être ta maman.
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