Tu ne veux plus que je te lise une histoire avant le dodo.
Une autre étape nous a encore filé entre les doigts, emportée par ta constante évolution souvent plus rapide que ce à quoi j’étais préparé.
Je ne savais pas au moment de la dernière lecture collés ensemble que cette fois serait la dernière. Avoir su je n’aurais pas fermé le livre aussi facilement.
Succédant à toutes ces fois où nous avons fait danser ton imagination, ces fois où les mots t’auront fait voyager, rêver, en nourrissant notre connexion, ce soir tu lis seule dans ton lit et tu es un peu moins mon bébé alors que moi, de l’autre côté de la porte, je t’écoute lire Le Petit Prince à voix haute. C’est un peu comme si on changeait de place, que tu me racontais à ton tour cette merveilleuse histoire; je m’entends un peu dans ta voix et je vis ta narration, fier spectateur de tes nouvelles habiletés de lectrice quoique je te trouve un peu loin.
Demain ou après qui sait, mais forcément bientôt, alors que tu continueras inévitablement à grandir, tu comprendras combien de baobabs j’aurai retirés de ta planète et comment tout ce temps tu étais ma rose.
Ce soir, bordé de nostalgie, je lirai seul Madame Terreur me rappelant nos rires avec tous ces Monsieur Madame et ton petit surnom, toi, ma madame terreur toute à moi.
Ce soir, c’est moi que les mots feront voyager dans le passé, me remémorant ces moments assis sur la chaise berçante à lire avec toi.
Ce soir, je m’ennuie de Robert Munsch qui a écrit plusieurs livres que je t’ai lus depuis que tu es toute petite. Dans mes livres à moi, les princesses, les rimes et les leçons ont laissé place à trop de réalisme. Comme une chanson qui tourne en boucle dans ma tête et dont je ne peux me débarrasser, je te revois devant moi et je m’entends encore te lire:
« Je t’aimerai toujours,
la nuit comme le jour,
et tant que je vivrai,
tu seras mon bébé. »
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