Parfois, je me dis que si j’avais moins d’enfants, je serais une meilleure mère car si l’amour se multiplie à la naissance d’un deuxième, troisième ou quatrième enfant, le temps, lui, ne peut que se diviser. C’est mathématique.
Si j’avais moins d’enfants, j’aurais davantage de temps à consacrer à chacun d’entre eux. Pour savoir comment ils vont et s’ils ont passé une bonne journée. Pour passer un moment privilégié les yeux dans les yeux avec l’un puis l’autre et développer une relation à l’épreuve du temps qui file et des obstacles qui pavent notre route.
Si je devais apprendre à gérer ses émotions à un seul et unique enfant, je serais plus douce. Les crises seraient moins nombreuses, les conflits pour tout et pour rien moins fréquents. Des chicanes n’éclateraient pas à toutes les heures du jour pour un jouet volé ou le choix de l’émission à écouter. J’aurais plus de temps pour m’asseoir avec mon petit pour écouter ses peines et comprendre ses colères. J’aurais plus d’énergie et de patience pour l’encadrer et l’aider à mieux se comprendre. Je serais sans doute dépassée par moments et me sentirais impuissante à d’autres car c’est inévitable, mais il me semble que je serais une meilleure mère.
Si je devais assister un seul enfant dans ses devoirs, je pense que je serais plus patiente. Devant les choses qu’il ne comprend pas, j’aurais plus de temps pour m’asseoir et lire les problèmes avec lui plutôt que de lui demander de hausser le ton en me les lisant lui-même à haute voix alors que j’accours vers mon bébé qui a mis mon téléphone dans sa bouche tout en faisant bouillir l’eau des spaghettis. Le nombre de choses que j’aurais à gérer simultanément serait forcément moins grand, me rendant plus disponible là, maintenant. Je soupirerais sans doute par moments et rêverais de mettre le feu à ses cahiers à d’autres car c’est inévitable, mais il me semble que je serais une meilleure mère.
Si je devais gérer la routine du dodo d’un seul enfant, je pourrais prendre le temps d’en profiter plus. De le chatouiller dans le bain plutôt que de laver des enfants en série, comme un automate, le dos courbé trop longtemps au-dessus de la baignoire. Je pourrais lui lire son histoire préférée sans devoir faire de compromis parce qu’elle ne plaît pas à tout le monde. Je pourrais lui chanter cette chanson qui l’apaise sans être interrompue par sa soeur qui attend son tour dans sa chambre et s’impatiente. Je pourrais savourer ce petit moment à deux sans avoir l’impression d’être à bout de souffle après avoir géré la routine du soir de tout le monde entre le passage à l’école puis la garderie, la préparation du repas, les chicanes et les devoirs. Certains soirs, je chercherais sans doute à abréger l’histoire pour profiter du moment de quiétude et de paix qui suit la routine du dodo car c’est inévitable, mais il me semble que je serais une meilleure mère.
Si je n’avais qu’un seul enfant, j’aurais davantage les moyens de le gâter. Nous pourrions partir en vacances, faire des sorties plus souvent et j’aurais la certitude de pouvoir l’aider financièrement tout au long de sa vie si nécessaire. Évidemment, je sais qu’avoir plusieurs petits apprend à chacun l’importance du partage et la valeur de chaque chose. Mais si je n’en avais qu’un seul, j’aurais plus de moyens pour parer aux imprévus et il me semble que je serais une meilleure mère.
Que personne ne se méprenne, j’adore mes enfants, personne ne manque d’amour sous mon toit et je ne regrette rien. Mais par moments, je crois que j’aurais pu être une meilleure mère si j’avais eu moins de petits. Et je crois qu’on devrait en parler davantage et sans honte car c’est un sentiment normal, un sentiment humain qui ne fait en aucun cas de celles qui le ressentent de moins bonnes mamans.
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