Papa, maman, vous êtes parfois exténués, vous aspirez à un peu de calme et vous me demandez d’aller au lit.
Mais moi, je ne suis pas fatigué. Je voudrais encore jouer, je voudrais une histoire ou un câlin de plus. Je ne suis pas encore en mesure de comprendre que dormir est essentiel à mon développement et je suis trop petit pour comprendre qu’il me sera difficile de me lever demain matin si je manque d’heures de sommeil. Moi, je voudrais que la journée ne s’arrête pas, profiter encore de ce que la vie m’offre, courir, sauter, rire. Et une fois au lit, j’ai encore tellement de choses à raconter; des découvertes faites pendant la journée, des émotions ressenties, des secrets à confesser ou des mots d’amour à exprimer.
Papa, maman, vous aimeriez que je m’endorme seul.
Mais moi, je préfère la chaleur réconfortante et le son apaisant de votre respiration à mes côtés. Je voudrais que vous restiez près de moi pour bavarder un peu plus longtemps. Je voudrais qu’on veille sur moi jusqu’à ce que le sommeil vienne me chercher. J’ai besoin de ce sentiment de sécurité pour me laisser aller au repos.
Papa, maman, vous aimeriez que je ne vienne pas vous réveiller la nuit.
Je sais que vous êtes parfois agacés quand je vous appelle aux petites heures du matin. Et plus je vous réclame, plus vous me répétez que vous êtes épuisés, que la nuit est faite pour dormir.
Mais pour moi, la nuit, c’est aussi le moment où les choses effrayantes se révèlent, que des monstres s’introduisent dans ma chambre, que mes pensées filent à toute vitesse et tourbillonnent, que mes peurs se réveillent. J’ai besoin de réconfort et je sais que c’est un de mes parents qui pourra le mieux calmer mes angoisses, chasser les créatures effrayantes et me permettre de poursuivre ma nuit. Moi aussi, je suis plus en forme et de meilleure humeur le matin quand la nuit a été bonne, mais parfois je n’arrive pas à chasser la peur et les soucis.
Papa, maman, vous me dites que votre lit n’est pas le mien.
Mais moi, je l’aime bien aussi. Il est plus spacieux et j’ai l’impression qu’un privilège m’est offert en m’y installant. Moi aussi, vous savez, j’aimerais avoir quelqu’un avec qui partager mes nuits, chaque soir. Une chaleur rassurante à mes côtés. J’aime bien tendre le bras, ensommeillé et sentir que je ne suis pas seul. Quand je suis près de vous, rien ne peut m’arriver. Aucun ennemi ne serait assez téméraire pour franchir la barrière que vous formez, n’est-ce pas ?
Papa, maman, je sais que vous espérez que je me lève plus tard la fin de semaine.
Vos yeux sont si petits à l’aube lors de vos jours de repos que je devine que vous auriez souhaité faire une grasse matinée. Mais pour moi, le week-end est un vaste terrain de jeux. Deux jours à profiter de la maison, des excursions, de la famille. Deux jours à vos côtés, sans aller à l’école, à pouvoir traîner un peu en pyjama, à partager quelques activités, à cuisiner, peindre, dessiner.
Papa, maman, je vous entends parfois dire à vos amis « le mien, il ne dort pas ».
Je sais que vous voudriez vous reposer, que sans doute cela aurait une incidence sur votre sourire et votre patience. Je sais aussi que vous souhaitez que je grandisse en bonne santé et que je dispose d’assez d’heures de repos pour apprendre à l’école et passer d’agréables soirées en famille. Mais, papa, maman, je fais tout ce que je peux, je vous assure.
Un jour viendra où je serai devenu grand, fort, sûr de moi et je ne viendrai plus vous rejoindre à pas feutrés, je ne crierai plus votre nom dans le noir, je rechignerai à me lever le matin.
Et peut-être qu’à ce moment-là, vous trouverez que le temps est passé trop vite.
Et peut-être qu’à ce moment-là, c’est vous qui voudrez sentir ma présence dans l’obscurité.
Laisser un commentaire