Mon cher corps,
Depuis le début de l’aventure de la grossesse et de la maternité, tu en as vu des vertes et des pas mûres. Pourtant tu as toujours fais de ton mieux, jamais tu ne m’as trahie ou abandonnée.
Quand mon ventre s’est arrondi, tu as fait ton travail à chaque étape du développement de l’enfant que je portais. J’aurais bien voulu en éviter les désagréments, des plus futiles au plus dérangeants, mais tu as suivi ta nature, m’obligeant parfois à ralentir, à m’écouter et à me donner de l’espace et du temps. Au fil des mois, tu as su porter ou supporter mon centre de gravité qui ne cessait de se modifier, mes humeurs « ascenseur » et mon besoin de rester active. Même dans les tourmentes de la vie, tu n’as rien lâché. Tu es resté protecteur et indicateur.
Quand le grand jour est arrivé, la surprise de la douleur m’a étreinte. Mais grâce à ton souffle et le cocktail hormonal que tu as préparé pour moi, tu as pu continuer ton travail, t’adapter et donner la vie. En synergie avec ce nouvel être, dans une communication dont j’étais à la fois témoin et actrice, nous avons à nous trois accompli un miracle.
S’en est suivi le grand moment de l’allaitement. Tu as produit spontanément l’élixir de vie. Même si pour bébé ce n’était pas toujours si évident, tu ne t’es pas tari. Tu as continué à lui indiquer le chemin jusqu’à mes seins, d’où s’écoulait parfois de façon incontrôlée, ce lait si précieux. Même quand plus tard nous avons rencontré des difficultés, tu ne nous as pas fait défaut, tu as compensé pour que nous puissions continuer cet allaitement si cher à nos cœurs.
Bébé grandissant, tu m’as permis de continuer de le porter. Tant pour pouvoir poursuivre une vie active que pour partager des moments tendres. Certes, tu exprimes parfois des maux de dos, des raideurs, mais tu ne faiblis pas, comme si tu en percevais la nécessité pour bébé et pour moi.
Tu restes aussi mon meilleur indicateur quand je vais trop loin. Quand les nuits ne sont plus reposantes, tu sais m’arrêter avant que je ne puisse plus compter sur toi, ni sur moi, évitant que la maladie ne s’installe et que je ne puisse plus m’occuper de mon bébé et de moi-même.
Grâce à toi, je suis aussi le meilleur remède pour mon enfant. Grâce à notre peau à peau, tu permets à mon petit de se sentir en sécurité, de se thermoréguler et de se reposer. Nos corps, encore une fois en accord, se transmettent des messages invisibles pour s’adapter à nos besoins.
Évidemment, tu n’es plus tout à fait comme avant parce tu as porté la vie, que je n’ai plus autant de temps pour prendre soin de toi et parce que nous prenons soin d’un autre être vivant, mais tu me fais chaque fois m’émerveiller de la nature et de la biologie.
Alors pour ce que tu m’as offert jusqu’ici et que tu continues de m’offrir chaque jour, merci mon corps de te montrer à moi autrement que comme une vitrine esthétique ou comme une machine. Merci de me faire m’accepter autrement. Merci d’être notre allié. Merci de ta patience et de ta résilience.
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