Je suis une maman qui vit une grossesse à risque et je me demande sans cesse « Pourquoi moi? », « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça? ». Les questions s’enchaînent dans ma tête et la pente semble de plus en plus à pic. Les médecins, toujours beaucoup trop silencieux à mon goût, me laissent dans l’inquiétude chaque fois que je quitte l’hôpital.
Je suis une maman qui vit une grossesse à risque et mon corps ne m’appartient plus. Il est maintenant entre les mains des spécialistes à chaque examen qui revient un peu trop vite. Une échographie par-ci, une prise de sang par-là. Les médecins généralistes, les infirmières, les préposées aux bénéficiaires, les résidents en obstétrique, les radiologistes et les médecins spécialisés en grossesses à risque se succèdent. Chaque fois, je tente de retenir toutes les informations si importantes qu’ils me transmettent du mieux que je peux, mais je finis toujours par en oublier et je finis par m’imaginer le pire en faisant des recherches sur internet.
Je suis une maman qui vit une grossesse à risque et de moins en moins de gens me demandent comment va ma grossesse car tout le monde sait qu’elle ne va pas bien. Je compte les jours avant de donner naissance à mon bébé; j’ai l’impression que je ne verrai jamais le bout du tunnel et la fin m’apparaît toujours si loin.
Je vis une grossesse à risque et je ne vouvoie plus les employés de l’unité obstétricale puisqu’ils sont désormais plus que des connaissances. Quand je suis dans la salle d’attente de l’hôpital, je regarde les minutes s’écouler sur l’horloge en sursautant chaque fois que le microphone s’allume pour inviter une nouvelle patiente à se rendre au bureau du médecin car je sais que le temps qui file me rapproche toujours un peu plus du fameux moment où on m’annoncera que rien ne va mieux.
Je vis une grossesse à risque et après chaque mauvaise nouvelle, on me dit d’être positive, que ça va bien aller et je meurs d’envie de répondre que c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Mais je me retiens car je sais que les gens qui m’entourent ne me veulent que du bien.
Je suis une maman qui vit une grossesse à risque et mon coeur de mère saigne à l’idée qu’il puisse arriver quoi que ce soit au petit bout d’humain en moi. Quand on me dit que c’est mon corps qui fait défaut, je culpabilise à n’en plus finir. Comme si c’était de ma faute s’il y avait des risques. Comme si donner la vie n’était pas déjà assez et que je pouvais en faire plus. Chaque jour, je supplie mon corps en secret de fonctionner comme les autres, mais en vain, car il ne m’écoute pas et j’ai l’impression que mon monde s’assombrit de jour en jour.
Je suis une maman qui vit une grossesse à risque, mais je sais qu’après la pluie viendra le beau temps. Je sais que ce sera bientôt à mon tour de porter la vie dans mes bras. Peut-être que parfois il m’arrive de douter, mais je sais que le bonheur m’attend. Mon corps ne m’appartient peut-être plus pour le moment, mais mon enfant est bel et bien là au creux de mon bedon rond. Et bientôt, ce sera mon tour.
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