Chère anxiété,
D’aussi loin que je puisse me rappeler, tu as toujours fait partie de moi. Tu as fait partie de mon enfance, de mon adolescence et tu continues de vivre avec moi dans ma vie d’adulte. Avec les années, j’ai appris à te gérer et à cohabiter avec toi. Mais jamais je n’ai envisagé la possibilité que tu t’attaques aussi à mon enfant.
Je te reconnais à travers les agissements et les peurs de mon petit. Je te reconnais quand je le vois se prendre la tête à deux mains ne sachant plus comment réagir face à une situation. Je te reconnais lorsqu’il commence ses phrases par »Maman, j’ai peur que… ». Je te reconnais quand il entrevoit un événement tout à fait banal comme le plus grand problème que l’univers ait connu. Je te reconnais quand il verse toutes les larmes de son corps lorsqu’un changement arrive dans sa vie, aussi minime soit-il. Plus il avance en âge, plus je sens que tu prends le contrôle de son petit corps et de ses pensées.
Alors que je croyais t’avoir enfin apprivoisée, je dois maintenant recommencer à le faire d’une nouvelle façon. Je dois apprendre à mon enfant à te gérer et à ne pas te laisser prendre une aussi grande place dans sa vie. Comment moi, une femme, une mère, qui ai eu autant de difficultés à te dompter, peux réussir à te faire taire dans l’esprit d’une autre personne? Je t’en veux. Je t’en veux de t’attaquer à un si petit être. Je t’en veux de mettre autant d’obstacles sur notre route.
Quand j’ai remarqué ta présence chez mon petit, j’ai failli baisser les bras et retomber dans ton trou noir. Mais tu ne nous auras pas. À force d’efforts, j’ai appris à marcher à tes côtés sans que tu ne prennes trop de place et je réussirai à apprendre à mon petit à le faire aussi. Tu ne nous quitteras probablement jamais mais je sais qu’un jour, mon enfant avancera la tête haute, sa main dans la mienne et tu devras te résoudre à rester derrière. Juste assez loin pour que nous puissions vivre sans que tu empiètes sur nos vies.
Chère anxiété, nous nous retrouvons peut-être pour un deuxième combat aujourd’hui, mais tu vas vite comprendre que nous sommes plus forts que toi.
(…) qui s’en est pris (et non « prise »)