Je suis à bout de la pandémie. J’ai atteint ma limite. Mon état émotionnel est devenu si fragile que j’ai peur de la façon dont je réagirai à la prochaine mauvaise nouvelle, à la prochaine tempête. J’ai peur de m’effondrer, de me noyer dans la détresse que je ne peux plus nier. En temps normal, lorsque je suis déprimée ou que je sens que la dépression me guette, je rassemble le peu de forces qu’il me reste pour sortir, voir des amis et aller au restaurant. Mais pas cette fois car le confinement ne me permet pas de me changer les idées, de me divertir et de voir ceux que j’aime.
Chaque fois que je sors de chez nous, que ce soit pour aller à l’épicerie ou simplement aller faire une promenade au parc, j’en reviens toujours plus découragée que je l’étais avant de partir et j’ai peur. Peur d’avoir attrapé la COVID, peur de la transmettre à ma famille, mais surtout, peur de n’être plus capable de prendre soin de mes enfants si j’en suis atteinte.
Chaque fois que je sors de chez nous et me rends dans un lieu public, je me rends compte à quel point nous étions bien avant. À quel point c’était un luxe de pouvoir se promener librement, sans avoir à conserver nos distances, à porter des masques et à se laver les mains frénétiquement. Les flèches, les panneaux transparents et les règlements sanitaires nous permettent d’assurer notre sécurité physique tout en omettant notre santé mentale. Je ne cesse de rêver à l’époque, oui, je dis époque, car il semble que cela fait si longtemps maintenant, où nous pouvions sortir au restaurant, aller voir des spectacles, aller au cinéma, bref, tout simplement vivre des expériences amusantes et relaxantes.
Chaque fois que je sors de chez nous et que je croise des gens, je pense à ceux que j’aime et parfois j’en pleure jusqu’à ce que plus aucune larme ne sorte de mon corps. Je voudrais les revoir bientôt. Comme avant. Sans contraintes, sans les casse-têtes arithmétiques pour tenter de comprendre le lieu et les circonstances qui m’autoriseraient à les voir. L’humain n’est pas fait pour vivre seul. Nous le savions tous en théorie mais maintenant, nous le savons en pratique. Les rencontres par Zoom, par Facetime et par Skype sont peut-être mieux que rien, mais rien ne remplacera jamais le contact humain et l’énergie qui s’en dégage.
Chaque fois que je sors de chez nous et que la réalité me rattrape, je tente de me rappeler que nous ne passerons pas toute notre vie confinés. Je sais que je dois garder espoir et courage pour ma famille, pour mes proches et pour tous ceux et celles qui comptent pour moi. Mais c’est difficile. Et parfois, même quand tout a été mis sur pause, il m’est impossible de faire la même chose avec mes émotion. Parce qu’il faut que ça sorte.
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