À ton adolescence, je tenterai de me souvenir à quel point je voulais être indépendante, découvrir le monde et changer les choses quand j’avais ton âge. J’essaierai d’être ta conseillère, ta guide, ton coach de vie. Je ferai tout pour continuer à alimenter ta curiosité et aiguiser ton regard critique. Je m’emploierai à baser notre relation sur la confiance, l’échange et l’ouverture sans toutefois t’étouffer. Je respecterai ta bulle et ton intimité, et t’accorderai ma confiance comme tu le feras toi aussi. J’apprendrai à te redécouvrir en tant que femme en voie d’être une adulte autonome tout en essayant de me départir de l’image de toi, tout bébé, qui dormais les poings fermés dans mes bras.
À ton adolescence, je m’efforcerai de me rappeler mon premier amour et ses papillons. Je me souviendrai de mon cœur qui battait à une vitesse folle à l’idée de croiser mon coup de foudre dans les couloirs de l’école, ma gêne lorsque je m’imaginais lui parler et mon sourire béat lorsque quelqu’un prononçait son nom. Je tâcherai de faire preuve d’ouverture d’esprit et de réserve lorsque tu me présenteras la personne qui aura volé ton cœur. Je me retiendrai de lui poser mille et une questions, et retiendrai ton papa de succomber à ses instincts protecteurs.
À ton adolescence, je ferai tout pour t’apprendre l’estime de toi pour que tu puisses toujours t’admirer dans le miroir et y voir le reflet d’une femme forte, confiante et indépendante. Je t’apprendrai que personne ne te mérite, sauf toi-même, et que la personne qui rentrera dans ta vie devra se compter chanceuse et privilégiée. Je tenterai aussi de me détacher de mes souvenirs que j’ai de toi, toute petite, lorsque tu me demandais de tresser tes cheveux ou lorsque tu fouillais dans ma trousse à maquillage et essayais tant bien que mal de ressembler à maman.
À ton adolescence, je t’accompagnerai dans tes vagues d’émotions intenses, lorsque tu ne te comprendras pas toi-même. Quand tu tenteras de maintenir un équilibre entre ta volonté de plaire et celle de ne pas perdre ta propre essence. Je ne me souviens que trop de ce besoin d’acceptation, de reconnaissance et d’appartenance. Je comprendrai aussi que tes amis soient le centre de ton tout petit, mais si complexe, univers. J’essaierai de ne pas te critiquer et de saisir la mode vestimentaire de ton temps. Celle-ci me semblera sans doute douteuse, mais je dois avouer que celle de mon époque l’était tout autant.
À ton adolescence, je m’entêterai à te faire voir le secondaire comme une étape essentielle de ta vie, une occasion de te définir, d’apprendre à te connaître ainsi qu’à former des liens solides qui pourraient très bien résister au temps. Quand tu me diras que tu me détestes, je m’accrocherai au souvenir de toi qui me serrais fort dans tes petits bras en me disant à quel point tu m’aimais, aussi intensément que toutes les étoiles et les galaxies réunies.
À ton adolescence, lorsque tu vivras beaucoup de changements, même si je peux sembler venir de l’ère des dinosaures, ou pire, avant la création d’Internet, sache que je serai toujours là pour toi, même quand tu ne le voudras pas.
Ta maman qui t’aime et qui cessera probablement de t’écrire des petits mots et de les insérer dans ta boîte à lunch et de te déposer directement devant l’école quand tu entreras à la poly.
J’aurai compris le message d’ici là.
Enfin, j’espère.
Merci pour ce très beau texte Maman Amy, à la fois touchant, et tellement vrai.
D’un papa qui va tenter de ne pas »trop » être protecteur!