Depuis quelques mois, je suis dans le noir.
Mon cœur s’est assombri, mon moral s’est obscurci. Mon quotidien s’est transformé en grande noirceur.
Mais j’ai peur du noir. De ce qu’il peut me faire faire, me faire dire, me faire penser. J’ai peur que le noir me brise.
Alors, ce matin, en me levant, j’ai décidé de chercher la lumière. Pas les grands feux d’artifice, non. Plutôt les petites lueurs brûlant peut-être encore quelque part qui me permettraient de m’accrocher à l’espoir.
Une lumière venant briser ma grande noirceur.
Et je l’ai vue.
J’ai vu de la lumière en passant devant la cour d’école de mon quartier. Des enfants qui, malgré le fait que l’école ait bien changé, riaient sur les balançoires en essayant d’atteindre le ciel. Des enfants qui glissaient en sentant l’air froid leur piquer les joues. Des enfants qui étaient contents de retrouver leurs amis, même de loin. Et j’ai vu la lumière dans les yeux de leur enseignante, malgré le masque sur son visage. Une lueur de foi en l’avenir, une lueur de foi en l’enfance.
J’ai vu de la lumière en marchant dans les rues près de chez moi. Des gens qui, malgré le fait qu’ils s’éloignent en me croisant, me sourient et me souhaitent de passer une belle journée. Des gens qui, pour une fois, sont vraiment sincères en prononçant ces paroles, parce qu’eux aussi vivent leurs moments d’ombre. Des gens qui n’ont plus envie de me dire que tout va bien aller, mais qui m’ont éclairé le cœur en me faisant sentir que je n’étais pas seule. Et j’ai vu, par la fenêtre d’une maison de mon voisinage, les lumières d’un sapin de Noël installé peut-être un peu tôt. Une étincelle de bonheur dans la grisaille de novembre, une étincelle de bonheur dans la grisaille de ma vie.
J’ai vu de la lumière dans le commerce en bas de ma rue. Une dame qui complimente mes cheveux. Les plis au coin des yeux de la caissière qui me permettent de comprendre qu’elle me fait son plus beau sourire. Un adolescent qui emballe les achats d’une personne âgée en lui demandant si elle a besoin d’aide pour apporter son chariot jusqu’à sa voiture. Un homme me laissant passer dans la rangée en premier. Un commis qui, malgré les tâches qui se sont ajoutées à ses journées, prend le temps de me répondre avec la bonne humeur au fond de la voix. Et j’ai vu, dans la politesse et la délicatesse de tous ces gens, de la lumière. Une petite flamme de bienveillance, une petite flamme d’humanité.
J’ai vu de la lumière en regardant dans les yeux de mon enfant. Des yeux qui brillent en regardant la première neige tomber doucement, le visage collé sur la vitre de la fenêtre du salon. Des yeux qui scintillent pendant qu’il enfile sa tuque et ses mitaines pour la première fois cette année. Des yeux qui illuminent toute la cour pendant qu’il se roule dans le petit tapis blanc tombé devant la maison. Et j’ai vu la lumière dans le visage de son papa, n’ayant pas pu résister à aller faire briller ses yeux dehors à son tour avec notre enfant. Un feu de joie, un feu faisant fondre ma noirceur.
Et là, je l’ai sentie. Une petite lumière au fond de moi. Encore faible, mais faisant son chemin. Et je me dois de continuer de l’alimenter. Parce que sortir du noir, ça fait du bien.
Aujourd’hui, j’ai vu la lumière.
Tu devrais la chercher toi aussi.
Laisser un commentaire