Je suis dépendante affective.
Ma mère est toujours contente quand elle me voit arriver au bras d’un homme, un nouveau. Elle revoit le sourire sur mon visage, celui que j’avais perdu lorsque le dernier a décidé de me jeter comme on jette une vieille paire de chaussettes. Elle préfère que je sois accompagnée car ça étouffe le mal qu’elle ressent de voir son enfant souffrir.
Je suis dépendante affective.
Un peu comme une fumeuse. Un peu comme une droguée, mais ma dépendance à moi, c’est la présence de quelqu’un. Je vis le même sevrage qu’un toxicomane lorsque je me retrouve seule chez moi à attendre un texto alors que je viens de me faire larguer et quelques jours après avoir versé toutes les larmes de mon corps pour le supposé homme de ma vie que je viens de perdre, je navigue déjà sur les sites de rencontre.
Je suis dépendante affective.
La boule qui grandit au creux de moi disparaît lorsque je peux compter sur quelqu’un et un sentiment d’apaisement m’envahit car enfin, je suis aimée.
Je suis dépendante affective.
J’ai cette fâcheuse tendance à aimer celui qui m’aime, celui que je pense qui aura le moins de chance de me laisser tomber. La bonne vieille paire de pantoufles. Celui qui ne me sort pas de ma zone de confort.
Je suis dépendante affective.
Après toute ses années, je ne sais même plus où j’en suis. J’ai peur de ne jamais être capable d’aimer d’un amour sincère, ce que je ne pense pas avoir été capable de faire jusqu’à maintenant. Quand je repense à mes relations, je constate qu’aucune n’était vraiment saine et que j’étais si bien lorsque, plongée dans ma naïveté, je me croyais capable d’aimer d’un amour pur et honnête. Aujourd’hui, je sais que tout ça n’était qu’illusion. Je dois tout redéfinir, y compris ma définition de l’amour.
Je suis dépendante affective.
J’aurais probablement besoin d’une cure de désintox ou d’un monde où il n’y aurait plus d’hommes célibataires pour me tenter. Un monde où je pourrais guérir sans avoir peur de perdre mes moyens pour quelqu’un qui ne me mérite pas. Parce qu’il est là le plus gros danger : se sentir si seule qu’on accepte un peu n’importe quoi. Dans le passé, plusieurs fois je me suis résignée à accepter des choses des hommes malsains qui ont été de courts ou de longs passages dans ma vie.
Je suis dépendante affective.
Et si elle savait tout ça, ma mère, elle retrouverait le sourire de me savoir seule, droite et fière.
Mais j’y travaille fort et j’y arriverai.
J’y arriverai seule.
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