À toi, chère enseignante qui vient de retourner au travail,
À toi, qui n’as jamais vraiment arrêté de travailler même si certains pensent le contraire. Tu étais peut-être à la maison, mais une partie de ta tête était toujours à l’école, comme presque tout ton matériel d’ailleurs. Malgré la crise, tu as pris le temps de préparer des exercices et des plans de travail pour tes élèves à la maison en t’assurant qu’ils ne soient ni trop complexes, ni trop longs, nécessitant le moins de matériel possible tout en étant agréables à faire pour les petits et à superviser pour les grands. Ce n’était pas obligatoire pour eux comme pour toi, mais tu l’as fait quand même et je t’en remercie.
À toi, qui malgré la gestion familiale, pensais souvent à tes élèves, à leur façon de te dire bonjour tous les matins de la semaine, à leurs yeux pétillants à chaque petite réussite, à leur nombreux questionnements face à leur soif d’apprendre et leurs rires qui te font tellement aimer ta job. Tu as pris, plus d’une fois, le temps d’appeler ou d’écrire à chacun d’eux pour savoir comment ils allaient. Ce n’était pas obligatoire, mais tu le faisais autant pour toi que pour eux et je t’en remercie.
À toi, qui as appris en même temps que tout le monde que les écoles allaient rouvrir, ton cœur s’est emballé et des milliers de questions ont surgi dans ta tête. Certains pensent que ton désarroi est lié au fait que tu ne veuilles pas retourner travailler alors que la vérité est plutôt que tu crains de ne pas pouvoir offrir la meilleure des classes à tes élèves. Parce que oui, je sais que le bien-être de nos enfants, les conditions favorables à leur apprentissage et leur joie d’aller à l’école sont ta priorité. Je sais aussi que tu donneras ton 100 % pour les accueillir de la meilleure façon possible dans les conditions actuelles et je t’en remercie.
À toi, qui es déçue après avoir joué à Tetris toute la journée pour essayer de faire rentrer le plus de pupitres possible dans ta classe. Tu as enlevé tes bibliothèques, certains classeurs, tes ordinateurs pour maximiser l’espace, mais il n’y a toujours pas plus que onze élèves qui pourront entrer de nouveau dans ton local. Ce local que tu trouves dépourvu de chaleur et de cette ambiance de coopération qui y régnait avant le deux mètres de distanciation. Malgré tout, je sais que tu as fait des pieds et des mains pour illuminer cette pièce que les enfants sauront apprécier et je t’en suis reconnaissante.
À toi, qui as le cœur lourd puisque tu devras envoyer certains élèves dans un autre local avec une autre enseignante. Tu avais si hâte de tous les revoir. Certains ne reviendront pas et tu as déjà prévu les appeler, j’en suis certaine. D’autres reviendront, mais ne seront pas toujours avec toi et tu penses sûrement déjà à la façon de les rassurer. Pour ceux qui seront présents dans ta classe, tu cultives déjà ta joie de vivre, tes meilleures blagues et ta légendaire compréhension pour les soutenir puisqu’ils ne seront probablement pas en mode apprentissage. Sache que tu feras tout de même une énorme différence dans leur vie et qu’ils se souviendront de toi comme d’une merveilleuse enseignante ayant su les rassurer dans une période particulièrement difficile.
À toi, qui viens d’ouvrir de nouveau la porte de ta classe, je sais que les semaines à venir ne seront pas parfaites, que des ajustements seront nécessaires par dizaines, qu’au début les élèves seront déstabilisés par le nouveau fonctionnement de l’école, mais tu y arriveras.
L’étincelle dans leurs yeux, le sourire sur leur visage et leurs éclats de rire à venir continueront d’exister et de résonner entre les murs de toutes les écoles grâce à toi et ton dévouement.
J’ai confiance en toi.
Bonne rentrée.
Dommage que vous ne preniez en considération que les enseignantes et non les enseignants! Mon oncle étant enseignant primaire et moi-même professeur. Vous tombez dans le cliché et c’est dommage parce que le contenu est agréable à lire! Les coiffeuses ne sont pas toutes des filles, les garagistes ne sont pas tous des garçons!
Pensez-y la prochaine fois!
Merci! Juste MERCI! J’ai pleuré aujourd’hui de ne pouvoir prendre une élève qui en avait besoin dans mes bras… Un tout petit geste, comme de flatter ses cheveux pour la rassurer, pour lui dire qu’elle est capable… Ma main est partie, puis je l’ai retenue et ramenée vers moi. Je sais que la cocotte comprend, je sais que mes mots la consoleront quand même, mais les changements provoqués par cette crise de santé publique sont profonds.