Vous avez deux boîtes à lunch, une pour chez maman, une pour chez papa. Vous avez deux sacs à dos, deux manteaux d’hiver et deux paires de bottes.
Vous avez deux maisons et deux vies et je sens bien votre grande déception, lors de l’échange du vendredi, quand votre toutou préféré et vos nouveaux trésors de la semaine ne peuvent vous suivre et franchir le seuil de la porte.
Rien ne se mélange plus depuis le jour un de nos nouvelles vies. Malgré le poids des années qui souffle sur les souvenirs et les emporte, malgré mes efforts de rendre ma présence plus significative pour qu’elle vous suive partout où vous aller; il n’y a que votre petit corps gorgé d’émotions qui traverse dans un grand mystère l’espace-temps d’une maison à l’autre.
Vos deux existences, qui ne se touchent pas, sont séparées par un mur de béton armé qui stoppe les échos, qui réduit à néant les ondes radios et ces deux univers parallèles ne forment ni une suite, ni une boucle.
J’ose souhaiter qu’en dépit de ce qui nous sépare, jamais vous ne doutez d’être les élus de mon cœur et je demeure toujours là, de l’autre bord de notre mur de pierre où j’ai gravé tout l’amour du monde.
Résilience, c’est ce qui m’accompagne ces jours stressants où je vous fais mon câlin d’adieu en vous souhaitant un bon voyage, quand votre main quitte la mienne et que, sans me retourner, je déserte la zone tampon avant le grand décollage.
Résilience, devant le dur constat que je ne sais pas qui vous êtes, une semaine sur deux, que je ne sais pas ce que vous faites, une semaine sur deux, perdant votre signal dans un grand brouillard avec la seule option de ravaler ma salive pour vivre avec.
Comme j’envie les parents séparés qui réussissent à travailler en équipe, ceux qui arrivent à tasser le passé, les regrets, les remords et tout le reste en se retroussant les manches.
Comme j’envie les parents séparés qui peuvent affronter ensemble les défis de la vie, ceux qui vont même jusqu’à se faire des soupers de familles élargies; les ex, les blondes et les chums qui font un gros chin-chin de team et qui, dans un élan de complicité, osent grandir tous ensemble au sein d’une même grande famille.
Résilience, le seul mot en réponse toutes les fois où je me demande comment faire la paix avec ma douleur qui n’évolue pas.
J’aurais aimé vous offrir ce bel exemple, ce cadeau, vous livrer le message qu’un couple séparé n’est pas une fatalité et qu’une simple ligne d’amour peut se tracer entre vos deux vies. Parce qu’à défaut d’avoir réussi notre couple, votre père et moi, nous aurions pu réussir notre séparation.
Mais bon, je garde tout ça pour moi et je vous souris.
On se voit vendredi mes amours, maman vous attendra dans la zone tampon.
Wow! Je me retrouve tellement à travers tout ça. J’aurais peut-être aimé moi aussi vivre comme les autres couples qui sont capables de se parler et de s’inviter ailleurs qu’en médiation…
Je n’ai donc pas réussi ma séparation et je souffre de plus en plus avec les années parce que les enfants veulent de moins en moins aller chez leur père et il y a de plus en plus de bagages à transporter d’une maison à l’autre.
Je trouve ça injuste et triste pour les enfants d’avoir à vivre dans des valises ouvertes chaque semaine.
J’ai l’impression que dans un avenir quand même assez rapproché, ils vont prendre la décision eux-même de vouloir déposer leurs valises pour plus qu’une semaine… D’ici là, ils savent que je serai toujours là pour eux et qu’ils sont les bienvenus chez eux.
Je les admire, les respecte et les aime tellement!