Tu es assise là, sur la toilette, à attendre les interminables trois minutes avant de savoir si ton test de grossesse est positif et que ta vie basculera à nouveau.
Tu as trois jours de retard. Trois jours que ton système ne répond pas présent comme il le fait si bien depuis des mois. Normalement, il est fidèle au poste, presque à la minute près, mais cette semaine ça n’arrive pas. Et tu paniques. Tu paniques car tu ne comprends pas ce qui a pu se passer et tu te demandes à quel moment ça a bien pu faillir.
À la pharmacie, la caissière t’a regardée d’un drôle d’œil en scannant tes trois boîtes de tests. À la maison, ton homme t’a trouvée un peu folle et il s’est même demandé si tu ne lui cachais pas quelque chose. Mais c’est plus fort que toi, tu paniques toujours.
Tu paniques parce que même si tu as tout fait ce qu’il fallait pour que ça ne se produise pas, ton utérus ne rend pas sa part du marché.
Tu paniques parce que tu n’en es pas là encore; tu as déjà un enfant qui te comble de bonheur, mais aussi de fatigue, et après ces mois à te demander où est ta place en tant que mère et conjointe, tu as enfin trouvé un équilibre de vie qui te convient.
Tu paniques parce qu’avant qu’un autre petit être se niche en toi, tu as envie de réaliser d’autres projets. Tu apprécies le peu d’autonomie que tu as acquis depuis que ton enfant a commencé à acquérir la sienne. Tu apprécies aussi le fait que tu as recommencé à travailler, que tu te dépasses ailleurs qu’avec ta famille et tu ne te vois pas refaire une pause tout de suite. Tu veux accomplir d’autres choses avant de retomber enceinte, ça serait trop tôt.
Tu paniques parce que si le résultat s’avérait positif, tu ne saurais pas quoi faire. Tu te poserais mille questions. Tu hésiterais. Tu trouverais injuste que peu importe la décision, ce soit ton corps qui en fasse les frais alors que tu as tout fait pour éviter de te mettre dans une telle situation. Tu ne veux pas décider, tu veux juste que ton corps respecte ta volonté d’attendre. Pas que tu n’en veux plus d’autre; tu veux juste attendre un peu avant de replonger, tu veux reprendre ton souffle.
Les trois minutes sont passées. Tu regardes le test de grossesse et il t’indique finalement que c’est négatif, que ton utérus t’a fait une joke à ne pas faire. Tu pousses un soupir de soulagement, tu vas te coucher un peu plus tard, un poids en moins sur tes épaules.
Le lendemain, tu es réveillée par des crampes abominables qui te confirment que ton système avait simplement pris du retard et tu grimaces en lui disant que ce sera pour une prochaine fois.
Ou pas.
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