À toi, mon petit dernier,
Je te berce après t’avoir allaité pour que tu t’endormes ce soir et je profite de toi, je profite de ce moment du mieux que je peux.
Je sais que tu es le dernier car c’est mon désir et mon choix.
Je sais que tu es le dernier parce que les premiers mois sont difficiles, trop difficiles. Car il y autant de magnificence dans la découverte du petit humain qu’on a créé dans son ventre que de sacrifices de sa propre personne à faire.
Je sais que tu es le dernier depuis mon accouchement; j’en ai savouré chaque moment en étant pleinement consciente que je vivais la dernière douleur et la dernière joie de ce premier contact peau à peau.
Je sais que tu es le dernier même si on m’a souvent demandé si j’en voulais un autre, si je ne changerais pas d’idée.
Je sais que tu es le dernier car tu complètes ma famille parfaitement et entièrement.
Je sais que tu es le dernier car je n’avais pas mille photos de toi en banque le jour de ton premier anniversaire.
Je sais que tu es le dernier car tu portes souvent un chandail avec des taches dont tu n’es pas responsable.
Je sais que tu es le dernier et le deuil des dernières « premières fois » se fait bien; parfois même, il m’arrive de ne pas réaliser tes premières fois à toi.
Je sais que tu es le dernier et savoir que tu l’es apporte aussi son lot d’impatiences.
J’ai hâte que tu gagnes plus en autonomie et que tu me lâches un peu.
J’ai hâte de dormir des nuits complètes
J’ai hâte d’arrêter de traîner la poussette et le sac à couches à chaque sortie.
J’ai hâte de vendre mon « stock de bébé ».
Mais ce soir, tu es dans mes bras et tu dors et je profite de toi. Je vais te bercer aussi longtemps que tu t’endormiras de cette façon. Je vais t’allaiter aussi longtemps que tu le voudras. Je vais te prendre dans mes bras aussi longtemps que tu le demanderas. Je vais me lever la nuit pour te rassurer aussi longtemps que tu en auras besoin. Je vais te laisser prendre ton temps pour grandir. Je vais te laisser être un bébé autant que tu le désires.
Tu es mon petit dernier et j’ai parfois l’impression que tu le sais, que tu le sens.
Alors prends ton temps, le temps que je profite de toi.
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