Maman monoparentale, pas tant par choix que par la force des choses, tu ne seras ni la première, ni la dernière, mais certainement pas la norme.
Dès la grossesse, tu ressens ta solitude. Un bébé t’habite, mais tu es quand même seule. Seule aux échos. Seule aux cours prénataux. Seule à monter des meubles suédois en suant et en sacrant et ton portefeuille s’amincit au même rythme que ton tour de taille et ta solitude prennent de l’ampleur; tout le contraire du portrait parfait de la maternité auquel tu t’attendais.
Alors que tu pensais que le melon d’eau qui allait tenter de se frayer un chemin à travers tes entrailles serait suffisant pour te faire oublier à quel point tu es seule, au moins le temps de l’accouchement, la pitié et le jugement des membres du staff hospitalier qui ont le malheur de te demander entre deux contractions «où est papa» te rafraîchissent la mémoire en un rien de temps.
Mais là où la solitude fesse pour de bon, c’est dans le train-train quotidien de ta nouvelle vie. Quand, à la fin d’une longue journée de « gougou gaga », isolée sur plancher de ton salon, personne ne rentre te parler du monde extérieur. Personne ne te questionne sur ton monde intérieur. Personne ne prend connaissance de ton enthousiasme face à ton brin de vie qui est pour la première fois passé du ventre au dos.
Non, toi à la fin de ta journée, il n’y a rien ni personne. Rien mise à part une pile de linge sali de lait caillé traînant au sol avec tes cheveux morts échoués comme des soldats tombés au combat du parenthood.
Tes amies sans enfants ne comprennent pas, il ne faut pas trop leur en vouloir. Tes amies qui en ont ne te comprennent pas plus; l’affaire, c’est qu’elles sont probablement en couple ou en garde partagée. Certaines ont même le culot de te dire que tu es chanceuse de n’avoir personne avec qui te pogner, personne qui peut te décevoir. Celles-là, tu finis par te permettre d’oublier de retourner leurs textos sans quoi tu leur écrirais en CAPS LOCK qu’elles semblent avoir oublié l’essentiel : tu es seule et tu n’as personne sur qui compter.
Personne pour te prêter main forte. Personne qui aime la chair de ta chair comme toi seule l’aimes. Personne qui s’inquiète comme toi quand la fièvre de ton bébé n’en finit plus de monter. Personne pour googler avec toi des questions angoissantes bêtes de nouveaux parents. Personne pour t’accompagner à travers ton quotidien.
Chaque couche, chaque boire, chaque commission, chaque facture, chaque dent, chaque gastro, chaque appel de la garderie, chaque bobo, chaque matin, chaque repas, chaque crise de bacon, c’est toi toute seule qui les gères chaque fois.
Mais malgré tout, laisse-moi te rassurer. Toutes les responsabilités t’incombent à toi toute seule, mais le mérite et la fierté aussi. Et ça, je te promets qu’il n’en manque pas et qu’il n’en manquera jamais. La petite tape dans le dos, c’est à toi qu’elle revient et qu’elle reviendra chaque fois.
À toi seule, tous les jours de ta vie, tu forges et forgeras un petit être humain. Tu te sentiras seule bien souvent, mais sache que tu apprendras à devenir une véritable championne, une guerrière, la meilleure version de toi-même, une maman.
Wow!! Merci pour ce texte rempli d’espoir ce matin! Être enceinte et seule, on pense beaucoup à tout ce que ça implique, mais on oublie rapidement la fierté de la réussite qui nous attend! Ça fait du bien au moral ça!!
C’est EXACTEMENT ça!
Le plus difficile, ce n’est pas la job de mère, c’est le après, une fois que notre petit trésor est couché et qu’on pourrait faire autre chose… Mais la fierté est si grande et quand ils vieillissent, on apprécie juste un peu plus que les autres la nouvelle autonomie de notre progéniture. Et malgré tout, si c’était à refaire, on recommencerait!
Merci pour ce magnifique texte!