Je te fais mes excuses solennelles d’avance parce que tu risques de pas trop tomber en amour avec la maternité avec le tableau que je vais te peindre là. Pas que ce soit que du négatif, mais soyons honnêtes et rappelons-nous que le tout-ce-que-tu-as-à-gagner-en-devenant-parent-blah-blah-blah ne représente qu’une partie de la job de la parentalité. Moi je vais te dire les vraies affaires. Parce qu’il va falloir que tu dises adieu à une couple de trucs à l’arrivée de ta progéniture.
#1 Adieu à la fermeté de ta peau
Parce que ça, personne te le dira, mais même si t’allaites pas, le stretching que tes deux amoncellements vont subir durant la grossesse va affecter leur niveau de réaction à la loi de la gravité, c’est promis ma chère. Pis si tu fais partie des chanceuses qui ont conservé une quelconque fermeté à cet endroit-là, je peux te promettre que tu vas bien trouver un petit coin qui aura pas tenu le coup. Pis je t’épargne le mou de ventre. Parles-en à tes amies mamans autour d’une bonne bouteille de vin et fais tes adieux au corps ferme de tes vingt ans.
#2 Adieu à ta bulle et ton espace vital
Ton corps en entier est envahi par un mini alien pis en plus, tous les spécialistes, médecins, obstétriciens et j’en passe, impliqués dans ta grossesse et ton accouchement, te touchent et t’auscultent tous les racoins de ton corps au rythme de la descente aux enfers de ta dignité. Pis t’as pas fini. Parce que cette étape-là te permet de te préparer aux pauses pipi accompagnées qui s’ensuivront pendant un bon cinq ans d’affilée.
#3 Adieu à ta dignité
Si t’as le coeur sensible, passe ce point-ci. Parce que, oui, y’a des filles qui font un number two en accouchant. Oui oui, c’est pas une légende urbaine. Pis avec les cris pis ta face suintante de fille qui force l’expulsion d’un melon d’eau par le vagin, je peux te dire que ça en est fini de ta dignité, du moins, aux yeux de tes spectateurs. Dans quelques merveilleux cas d’exception, ton sphincter ne te trahit pas mais ça ne veut pas dire que tu t’en sors indemne pour autant. Le soulagement de l’épidurale peut être de courte durée si tu as de soudains brûlements d’estomac, que l’infirmière n’est pas assez rapide pour apporter ton pot dédié en forme de bean et que ton jet de reflux gastrique atteint victorieusement le médecin bien positionné entre tes deux jambes. La petite fille possédée de l’Exorciste te fait un highfive. True story.
#4 Adieu à ton dédain
Morve, caca, pipi, vomi et autres fluides corporels indescriptibles t’effleureront itou une partie du corps ou s’y écraseront éventuellement. C’est inévitable. Comme l’amour que tu porteras tout de même pour ledit projeteur de ces fluides.
#5 Adieu aux pauses pipi seule
Tu auras maintenant un accompagnateur en tout temps à toutes tes pauses pipi. Je dis bien en tout temps. À trois mois comme à 3 ans. Si t’es chanceuse comme moi, t’auras même ta propre pompom girl qui t’encouragera à grand coup de « Bravo maman, pipi! Bravo! » et ce, même dans les toilettes publiques, applaudissements compris.
#6 Adieu à la forme originelle, pratiquement virginale, de ton périnée
Malgré tes meilleures efforts, tes exercices de Kegel au quotidien et toutes les autres patentes que ton médecin pis que tes amies t’ont conseillées pour conserver ça en shape pour l’accouchement, un simple éternuement te fait maintenant sentir comme une vieille bonne femme. Les jumping jacks dans tes cours de boot-camp au gym sont soudainement plus malaisants et ta face de fille soudainement pas mal moins confortable te trahit rapidement. Un peu normal quand, enceinte, ton mini alien prenait ta vessie pour un punching bag, d’avoir maintenant à gérer la déficience de ton appareil.
#7 Adieu à ta mémoire
Selon des études très sérieuses menées par des groupes de mamans sur Facebook, il semblerait que le pregnancy brain ou mémoire défaillante débilitante de la femme enceinte ne durerait que six mois suite à l’accouchement et se guérirait seul. Je veux pas péter ta baloune là, mais ma progéniture va avoir deux ans pis j’ai toujours pas retrouvé mes clés de char. Ok bye !
#8- Adieu à tes meilleures intentions
Tu verras que dans le feu de l’action de ta vie quotidienne trépidante, tes meilleures intentions de bon parent vont te quitter aussi vite et aussi souvent que Taylor Swift quitte ses chums. Tu avais l’intention de nourrir ta progéniture avec des aliments bio du Québec mais quatre ans plus tard, le Kraft Dinner est ton meilleur allié. Tu risques même de laisser ton héritier manger un Drumstick un samedi matin à 9:00 pour te permettre de refermer les yeux et continuer de cuver ton lendemain de veille. Puis ça va continuer de même jusqu’à ses dix-huit ans, t’as qu’à demander à tes parents.
Quand j’ai commencé à répertorier ces adieux qu’on fait volontairement ou involontairement à notre vie d’antan à l’approche de la maternité, je te niaise pas fille, j’avais notée dix-huit points. Mais, je me suis dit que selon l’indice de natalité du Québec et ses perspectives douteuses pour mon fond de retraité éventuelle, je me devais de faire ça court.
Ça fait que déprime pas trop pis dis-toi que dans toute cérémonie d’adieux qui se respecte, il y a toujours une bouteille de vin ou deux pis plusieurs bonnes amies mamans pour t’aider à relativiser et à mesurer toute la chance de ta maternité.
SARAH PERRON |
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