mother with newborn

Depuis que tu es là, mon nouveau-né

mother with newborn

Tu viens tout juste d’atterrir dans ma vie, mon petit nouveau-né. Dès ton premier souffle, j’ai su que mon existence venait de changer. J’ai su que le centre de ma vie, désormais, c’était toi.

J’ai dû essuyer du revers de la main toutes mes priorités. En un quart de seconde, de nouvelles sont apparues, prenant pour l’instant toute la place. Les idéaux que je m’étais créés sur ce que serait ma vie suite à ta naissance ont été balayés sous le tapis. Comme si un nouveau monde s’ouvrait à moi.

Un monde portant ton prénom.

Avant ta naissance, je croyais que je m’inquiéterais pour mon poids, de comment j’allais réussir à perdre toutes ces livres accumulées pendant ma grossesse. Allais-je retrouver ma taille de guêpe, celle que je paradais sans gêne avant ta naissance?  Mais depuis que tu es là, mon nouveau-né, c’est de ton poids que je m’inquiète. En prends-tu assez? Est-ce que je te nourris de la bonne façon, au bon moment? Je vérifie le poids de ton petit corps sur la balance, mon amour, et ça me fait presque oublier le mien. Les jolis plis sur tes cuisses donnent une bonne raison d’exister à ceux se trouvant sur les miennes.

Avant ta naissance, je croyais que je m’inquiéterais de ce que je mettrais dans mon assiette. Que je me préparerais de bons petits plats santé, me permettant d’être en pleine forme et de retrouver mon énergie après ces quarante semaines plus qu’épuisantes. Mais depuis que tu es là, mon nouveau-né, c’est sur te nourrir que je me suis centrée.  Je te fais boire, collé contre mon cœur, à la lueur du jour autant que dans la brume de mes nuits. J’en oublie mon propre repas, je mange froid. Mais l’important c’est que toi, tu n’aies pas faim.

Avant ta naissance, je croyais que je m’inquiéterais de mon sommeil. Que je voudrais bien dormir pour reprendre le dessus, me dire que papa prendrait la relève lorsque la nuit tomberait. Je m’imaginais trouver le sommeil en plein jour, en même temps que toi, sans difficulté. Mais depuis que tu es là, mon nouveau-né, ce n’est que ton sommeil qui compte vraiment. Je t’endors au creux de mes bras. Je te regarde dormir. Et puis je me réveille en sursaut pour vérifier ta respiration un nombre incalculable de fois. Je ne dors que d’un œil, tout le temps. Parce l’autre veille sur toi.

Avant ta naissance, je croyais que mon apparence me préoccuperait. Que j’essaierais de m’arranger, de me coiffer, de me maquiller. Que je voudrais retrouver mon look d’avant ta venue, être belle, sentir bon. Mais depuis que tu es là, mon nouveau-né, la seule odeur qui m’importe, c’est la tienne. Je veux que le creux de ton cou sente bon quand j’y fourre mon nez, que tous tes vêtements soient propres, que tu sois le plus mignon. Je prends le temps de crémer ton petit corps pour qu’il conserve toute la douceur du jour de ta naissance. Et je me dis que ma douche à moi, elle attendra.

Avant ta naissance, je croyais que je me serais préoccupée de tous mes petits malaises, de mes maux de ventre, de mes seins douloureux, de mes hémorroïdes me faisant souffrir. Mais depuis que tu es là, mon nouveau-né, les seuls malaises qui me tracassent, ce sont les tiens. Les seules fesses que j’inspecte, ce sont les tiennes. Je veux que tu sois confortable, que tu n’aies pas froid, que ton petit bedon ne te cause pas de tracas. Je suis bien seulement si tu es bien.

Avant ta naissance, je croyais que j’essaierais de retrouver le plus rapidement possible mon humeur d’avant la venue de toutes ces hormones. Que ce serait assez, toutes ces émotions en montagnes russes qui m’avaient assaillie durant ces longues semaines où tu grandissais en moi. Mais depuis que tu es là, mon nouveau-né, les émotions continuent de déferler. Mes peines et mes joies ont cependant laissé place aux tiennes. Je cherche les raisons de tes pleurs, te consoler devient ma priorité. Tes petits sourires font naître les miens. Tout ce que je désire, c’est ton bien-être. Te voir repu, le sourire aux lèvres, voilà tout ce que j’espère.

Depuis ta naissance, mon nouveau-né, ce qui me préoccupe, c’est le nombre de cacas que tu fais dans une journée.

Depuis ta naissance, mon nouveau-né, ce qui me préoccupe, c’est ton petit nez congestionné.

Mais ne vas pas croire que maman est en train de s’oublier pour toujours. Bientôt, je retrouverai l’envie de reprendre certaines des priorités que j’ai mises de côté, de recommencer à prendre soin de moi. Mais pour l’instant, j’ai besoin de temps. De temps pour toi.

Parce que depuis que tu es là, mon nouveau-né, la seule chose qui me préoccupe, c’est de t’aimer.

Crédit : Natalia Lebedinskaia/Shutterstock.com

Audrey Roy

Super-maman de trois enfants dans la trentaine avancée, directrice en chef de ma famille reconstituée (presque) parfaite, ma vie est une source inépuisable de délires familiaux à écrire. Étant une ex-abonnée de l'organisation extrême, le petit dernier m'aura appris que le lâcher-prise est une valeur sûre pour survivre à mon quotidien. Fière mère indigne, écrire est pour moi un véritable plaisir coupable. Au plaisir de vous faire sourire (et de vous faire sentir moins seules dans vos tourments).

Plus d'articles

Post navigation

3 Comments

  • Magnifique. J’attends mon premier bébé et ce texte est venu me chercher et m’arracher une petite larme (maudites hormones). Merci de ce beau texte.

  • Haha! J’allais écrire le MÊME commentaire que Marianne! Tellement un beau texte! Merci pour le témoignage.

    Je suis aussi enceinte et les larmes sont parties toutes seules!

    Merci pour tes beaux mots!

  • Magnifique texte. Il m s fait versé quelques larmes. Et je n ai pas l excuse des hormones . Mon petit dernier a 2,5. J ai recommencé à prendre des priorités pour moi, mais il suffit d un début de mal être pour que j e les revoies à la baisse. Sauf quand papa est la, car je sais qu ils sont en de très bonne mains. Et encore à 2,5 ans l endormir au creux de mes bras c est un moment magique .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *