Je suis une maman et je ne m’habille pas à la mode.
Je ne suis pas à la mode parce que je ne comprends rien à la mode d’aujourd’hui. Je ne sais pas qui a décrété que des Reebok bruns s’assortissaient parfaitement avec une robe paysanne rose nanane ni que les bodies des années quatre-vingt étaient assez cute et confortables pour revenir à la mode question de mettre mes bourrelets en valeur mais pour moi, c’est un gros non. Même affaire pour les gilets bedaine dont je pensais qu’on s’était débarrassés en 1995 qu’on a renommé « cropped » pour se faire croire que c’était quelque chose de ben ben nouveau. Je ne suis peut-être pas assez avant-gardiste, mais si avant-gardiste implique d’adopter le look de ma mère dans les années quatre-vingt avec des jeans boyfriend taille haute qui me font un gros derrière pis un t-shirt fluo rentré dans les culottes, grand bien fasse à toutes celles à qui ça parle, les goûts ne se discutent pas, mais je suis personnellement ben heureuse d’être complètement démodée.
Je suis une maman et je ne m’habille pas à la mode.
Je ne suis pas à la mode parce que mon confort vaut plus que toutes les belles jambes en talons hauts du monde. Même affaire pour les culottes ben serrées qui sont supposées affiner ma taille, les jupes cigarette qui t’empêchent de monter une chaîne de trottoir, les camisoles échancrées qui nécessitent une brassière pas de bretelles à soixante-dix piastres qui descend toute seule pis toutes les robes moulantes dans lesquelles t’oses même pas souper par crainte de te faire demander à combien de mois de grossesse t’es rendue. Je suis peut-être out avec mon t-shirt Fruit of the Loom pis ma paire de jeans, mais dans mon livre à moi, mieux vaut être out pis confortable que in avec les pieds en sang pis le ventre musclé à force de le rentrer par en dedans.
Je suis une maman et je ne m’habille pas à la mode.
Je ne suis pas à la mode parce que je n’ai pas le temps. Entre les matins pressés, la course à la garderie pis à la job, les retours qui se font en cinquième vitesse pis les soirées qui passent trop vite, je ne vois pas où je caserais une grosse demi-heure d’essais en tout genre pour trouver le kit parfait pour moi un mardi matin. La première affaire du bord fait largement l’affaire pis grâce au temps que je sauve, des fois, quand les astres sont alignés, je bois trois-quatre gorgées de café chaud.
Je suis une maman et je ne m’habille pas à la mode.
Je ne suis pas à la mode parce que j’ai choisi d’autres priorités. Mon budget de linge est limité et le temps que j’ai à consacrer à finetuner ma garde-robe l’est encore plus. Je suis bien dans mon corps pis dans mes joggings et je ne vois pas la nécessité ni l’utilité de passer du temps à me pomponner parce que j’aime bien consacrer ce temps-là à autre chose. Comme passer la balayeuse. Faire un pâté chinois. Pis jouer avec mes p’tits. À chacun ses priorités pis avant de me lancer des pierres, sache que je ne suis pas Dieu Le Père et que je n’ai en aucun cas la prétention de croire que mes priorités sont meilleures que les tiennes; l’important, c’est qu’elles me conviennent.
Je suis une maman et je ne m’habille pas à la mode.
Je ne suis pas à la mode parce que ça ne m’intéresse pas. Parce que des fois, quand je feel wild, je troque mon t-shirt plate uni noir pour une camisole à peu près pareille, je me beurre la face avec du mascara et je me trouve assez cute pour ne pas ressentir le besoin de débarquer dans les magasins à la recherche du parfait kit tendance pour moi. By the way, je déteste magasiner.
Je suis une maman et je ne m’habille pas à la mode.
Mais merci de tourner ta langue cinq fois dans ta bouche avant de dire que je me néglige. Je n’ai pas l’air de la chienne à Jacques, je prends soin de moi même si je ne suis pas une carte de mode et j’aime l’image que le miroir me renvoie; celle d’une femme et d’une maman comblée qui se trouve cute à ses heures dans le seul jeans qui lui fait depuis son accouchement et son t-shirt pas de marque.
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