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J’ai fait garder mes enfants pendant une semaine et je ne m’en veux pas

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Quand je t’ai dit que mes enfants étaient partis passer une semaine chez leurs grands-parents, tu as sursauté. J’y ai perçu de l’envie, cachée, parce que chaque mère rêve, secrètement ou non, de passer quelques jours de repos sans enfants. Et ensuite, tu m’as balancé un « Moi je ne serais jamais capable de ne pas les voir aussi longtemps ».  Cette phrase m’a bouchée. Je me suis mise à douter de moi-même et de ma capacité à être une bonne mère puisque je laissais mes fils partir loin de moi pendant sept jours sans aucun sentiment de culpabilité. Pire, j’étais heureuse. J’ai fêté leur départ à grands coups de coupes de vin et d’une soirée en amoureux sans avoir à se planifier une gardienne trois mois d’avance. Mais quel genre de mère je suis de ne pas avoir senti l’ennui me gagner avant soixante-douze heures et d’avoir oublié de les appeler hier avant qu’ils ne s’endorment?

Durant les derniers jours de mon congé, j’ai eu du temps pour réfléchir. J’aurais aimé reprendre la conversation là où ma bouche est restée entrouverte sans qu’aucun mot n’en sorte sous l’effet de la surprise parce que j’ai peut-être eu l’air de la fille qui cherche à se débarrasser de ses enfants pour pouvoir passer ses journées à se faire bronzer sur le bord de la piscine, alors qu’en réalité, c’est tout autre chose.

J’ai toujours élevé mes enfants de sorte qu’ils développent le plus de liens de confiance possible. Mes fils ont été gardés jeunes parce que je ne voulais pas que nous, les parents, soyons les seuls adultes significatifs dans leur vie. Je voulais qu’ils se sentent entourés, aimés et par-dessous tout, j’avais envie que mes enfants connaissent la chance d’avoir des grand-parents présents comme j’avais aussi eu la chance d’avoir. Penses-y, c’est quand on se retrouve seul avec quelqu’un que l’on crée des liens solides; les rassemblements de famille c’est bien beau, mais ce n’est pas là que l’enfant développe un lien unique avec mamie ou papi. Je voulais qu’ils bâtissent un lien fort et pour ça, je me devais de ne pas toujours être là. Je ne sais pas si tu le sais, mais pour les grands-parents, c’est un pur bonheur de se retrouver seuls avec eux et de pouvoir les gâter à leur façon. Qu’on se comprenne bien, je n’aurais pas envoyé mes fils se faire garder pendant sept jours pour une première fois; le lien était créé depuis longtemps entre eux et j’étais convaincue qu’ils n’allaient pas mourir d’ennui de ne pas pouvoir m’embrasser pour les sept prochaines nuits.

Avant même de tenir mon premier enfant dans mes bras, je savais que ça allait être difficile pour mon cœur de mère de le faire garder. Le cœur qui te déchire quand tu quittes et le sentiment que tu es irremplaçable et que tu es la seule capable de le calmer lorsque ton bébé pleure sont bien souvent inévitables les premières fois. Mais honnêtement, ces sentiments, qui n’appartiennent qu’à toi, finissent souvent par priver ton enfant de moments privilégiés avec des gens qui l’aiment et qu’il aime aussi. Rappelle-toi de tes vacances chez tes grands-parents, du fun que tu as eu de jouer aux cartes jusqu’à tard le soir. Je n’ai pas envie de priver mes enfants de ces beaux moments. Chaque fois, mes petits reviennent assurément avec de mauvais plis parce qu’ils ont été gâtés pourris, mais ils reviennent aussi heureux, la tête pleine de souvenirs à me raconter.

Puis, je ne vais pas te mentir, mes journées de congé d’enfants ont fait un bien fou à la mère et à la femme que je suis. Ces quelques jours de silence dans la maison et au bord de la piscine m’ont permis de refaire le plein d’énergie et, espérons-le, d’être plus patiente avec eux à leur retour. J’ai pris sept jours de vacances des p’tits pour nous faire passer, moi et mon couple, en priorité, chose que je ne fais pas beaucoup durant le reste de l’année et, crois-le ou non, pour moi, c’est clairement la définition d’une situation où tout le monde gagne et personne ne perd.

Crédit : MNStudio/Shutterstock.com

Roxanne Lavoie

Maman de jumeaux identiques de cinq ans, je ne fais jamais rien à moitié ! Je suis énergique, simple et passionnée. J’aime rire, mais encore plus faire rire les personnes qui sont avec moi. Étudiante en dernière année pour devenir enseignante, j’ai fait ce virage alors que mes fils n’avaient que deux ans. L’écriture est pour moi une forme de thérapie qui me permet de faire le point, mais surtout de prendre du temps pour moi.

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