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Depuis que t’es tombée enceinte, le doc et tes amies mamans te l’ont dit, les hormones, ça chamboule ben des affaires. Avec ta libido de feu, tu t’es dis qu’à toi, ça n’arriverait pas. Mais le malheur s’est abattu sur ton chum comme prévu parce que tu l’as perdue, cette flamme-là.
Tu l’aimes encore plus qu’au premier jour parce qu’il est maintenant le papa de ton futur bambin. Mais boum, désir à off, caresses à off et baisers à off. Plus qu’indulgent, il comprend et te laisse le temps. Mais la patience atteint son boutte quand bébé arrive.
Ça fait qu’un petit matin tranquille où les enfants sont à la garderie, t’as un éclair de génie pis tu te dis que là, c’est le temps que ton chum passe au cash. Tu vas y faire sa fête comme ça fait longtemps qu’il le désire. À go, tu retournes chercher Madame Libido que t’as balayée du revers en dessous du divan avec les bébelles du Dollo que Mamie a gentiment données à ta marmaille. Et là, tu commences à planifier au quart de tour ladite soirée de l’amour.
Tu te dis, malgré ton envie incroyable de faire le contraire, que ça n’a pas de sens de faire garder les enfants pour la nuit. Ils vont déjà à la garderie à la semaine longue, t’es ben pas pour les shipper ailleurs le temps de faire des culbutes. Pis de toute façon, tu te vois ben mal partir de chez les grands-parents en sachant très bien qu’ils le savent, ce que tu t’en vas faire. Comme s’ils ne s’en doutaient pas, que ton hymen intact était chose du passé. Tu viens toujours bien de leur laisser les trois preuves qui assurent le contraire. Mais non, tu vas les coucher et vous pourrez souper tranquille pis vous faire des yeux doux.
Erreur monumentale que tu constateras à la première gorgée de vin rouge ingérée.
Le souper englouti rapidement, entrecoupé d’envies de pipi et de crises de nerfs, tu passes tout de suite à la chambre à coucher. Pas d’escale au salon, franchement, tu te vois pas faire ça maintenant des affaires de même à travers des blocs de construction, des épées de Tortue Ninjas et de la bébelle de dentition du plus petit ? Non. Y’a avoir envie d’une p’tite vite sul’ side pis tout faire pour se casser l’appétit sexuel.
Comme c’est une soirée de fin d’été pis qu’il fait moins chaud, t’as pas besoin du ventilateur. Une autre bévue de ta part. Tu t’en rendais pas compte, mais le p’tit bruit sourd que ça fait cet engin-là camoufle bien des bruits. Surtout « ceux-là ». Deux minutes plus tard, le plus jeune qui dort dans la chambre d’à côté se réveille. Tu crois qu’il veut du lait mais c’est un piège. Il veut juste téter sa bouteille par pur plaisir de prendre tes cheveux en bataille dans ses mains et de te faire des beaux sourires. Asservie par ton instinct maternel pour la millième fois de la journée, tu fais comprendre à ton homme avec un p’tit sourire que ça sera pas long pis qu’après ça, il va t’avoir pour lui tout seul.
Les ébats reprennent leur cours, t’oublies un peu ton environnement du moment. C’est à peu près là que bébé fille crie qu’elle veut sa susuce dans la pièce de l’autre bord . Papa soupire et se lève puis cherche tant bien que mal la fabuleuse invention dissimulée quelque part dans le lit de Princesse. Mais dans le noir quasi total, sans verres de contact, on dira ce qu’on voudra, c’est pas mal plus difficile de trouver une suce qu’une aiguille dans une botte de foin.
Avec toute la bonne volonté du monde, t’essaies de faire abstraction de tout ça et de te remettre dans le lover mood. T’as plus l’habitude non plus de faire des acrobaties. Ramasser le biberon par terre avec bébé sous le bras gauche, la doudou qui tient entre ton menton et ton épaule tout en attrapant ton deuxième qui fait le fou dans les escaliers, ça oui, no problemo mi amigo. Mais les muscles du sexe eux autres sont moins fringants. Pis d’une part comme de l’autre, vous avez chacun votre journée dans le corps t’sais.
Ça fait que d’un commun accord, avec une belle complicité, vous convenez de faire ça ben simple. Vite fait, bien fait. Et c’était la meilleure chose à faire parce qu’un coup les bobettes trop grandes réenfilées, tu vois la binette de ton plus grand dans le cadre de porte – parce qu’elles ne sont jamais fermées complètement d’un-coup-que – la doudou sous le bras, demandant à faire dodo avec vous par peur de rien pantoute finalement.
La soirée que tu t’imaginais dans une belle brume amoureuse avec des sous-vêtements qui fitent, une bouteille de bulles sur la table de nuit pis des yeux dans les yeux a pris le bord.
Mais ce n’est que partie remise fille. À c’t’heure que tu sais comment ça marche le sexe post-bébé, la prochaine fois tu vas appeler mamie pis tu vas faire garder les petits.
MÉLISSA RONDEAU
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