Dès que tu as su qu’il grandissait en toi, tu as pris pour acquis qu’il était à toi. Ton rêve, ta joie, ta petite boule d’amour qui se développait en toi. Tu parles de lui au « mon » et au « ma »: mon bébé, ma petite douceur, mon petit être, mon enfant. Il n’est pas que le centre de ton univers, il est tout ton univers.
Tu as enfin ton gars, tu as enfin ta fille. À travers lui, à travers elle, tu construis ton idéal de vie. Il fera ceci ou cela, il jouera à si ou pratiquera ça. Elle sera habillée comme ceci ou comme cela, elle deviendra si ou ça. Tu es lui, elle est toi. Fusionnels jusqu’au bout, tu ne fais plus qu’un avec ton bébé.
Ton coeur de mère s’est effondré le premier jour que tu l’as fait garder. Tu ne peux t’imaginer ton bébé dans les bras d’un autre. Toutes vos séparations sont devenues des deuils. Le deuil de ne pas être présente à toutes les périodes de sa vie, le deuil de ne pas être toujours là pour ton enfant. Le deuil que ton enfant aime quelqu’un d’autre que toi, presque aussi fort que toi.
Farouchement, tu gardes l’oisillon dans son nid, allant jusqu’à repousser quiconque s’en approche un peu trop. Tu es une lionne prête à tout pour tes petits. Tu considères que tu es la seule capable de réellement répondre à ses besoins.
Or, tu as oublié que, cruellement, il ne t’appartenait pas. Tu as oublié qu’il venait de toi, mais qu’il n’était pas toi. Tu as oublié qu’il vit sa propre vie et qu’il fera bien vite ses propres choix. Tu as oublié qu’il est un être humain à part entière malgré qu’il soit ton enfant. Tu as oublié que tu ne peux jamais tout contrôler. Tu as oublié qu’un jour, trop tôt, il aura des choix à faire et que peu importe comment tu l’entoures, il fera sûrement parfois des mauvais choix. Tu as oublié qu’il ne suivra pas ton propre chemin. Tu as oublié que ta job de parent, c’est de l’outiller pour qu’il puisse suivre son propre chemin.
Tu le gardes petit, tu le gardes enfant égoïstement, jalousement. Tu refuses de le voir grandir, tu refuses qu’il puisse vivre sans toi. Sans méchanceté, tu t’es appropriée de sa vie, sans malice tu crois que tu peux tout contrôler de la vie de ton bébé. La vie t’a prêté un enfant le temps d’un instant, s’il te plaît petite maman, laisse-le devenir grand.
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