Ce matin, je t’ai remise à la DPJ, ma petite fille

little girl in window

« Ce matin, j’ai fait ta valise mon bébé. Je t’ai regardée partir pour l’école, j’ai refermé la porte derrière toi et j’ai commencé à réunir chacune de tes choses. Toutes ces petites choses auxquelles je m’étais habituée, moi, ta maman.

Dans ta valise, j’ai mis ta robe de nuit tout effilochée, usée à la corde. Parce que c’est la guerre si on veut te faire porter autre chose pour dormir. Ton ourson qui sent mauvais, mais que je n’ai pas la force de laver. J’y ai mis tes objets disparates que tu gardes comme des trésors dont je ne connais pas l’origine. Puis je n’ai plus su quoi mettre dans cette valise trop grande pour ce que tu possèdes.

Assise là, au milieu de la pièce, ta pièce, je me suis rendu compte que je ne connais rien de ce dont tu as vraiment besoin. En fait mon bébé, je ne l’ai jamais su. Alors j’y ai mis ma déception de ne pas avoir été à la hauteur de ce que toi tu es. J’ai mis dans ta valise le peu de compétences maternelles que je possède. J’y ai mis ma douleur d’avoir à te déraciner ainsi, mon chagrin de t’imaginer toute seule loin de moi, ma honte de t’avoir mise au monde sans avoir les capacités de t’offrir une vie, des choix et du bonheur.

Chérie, mon coeur s’est fendu, quand j’ai décidé de te céder à quelqu’un d’autre. Je ne suis pas fière que ta valise pèse aussi lourd alors qu’elle est tellement vide. Vide de sens, vide d’amour. Vide de tout ce que je n’ai su t’apporter.

Ce matin tu es partie pour l’école, ne sachant pas que ce serait notre dernier câlin. Insouciante. Et ce soir, tu ouvriras cette valise vide, qui pèse une tonne, contenant toute ma culpabilité. Tu vas dormir dans une chambre que tu ne connais pas, dans une maison remplie d’inconnus.

Et moi, je resterai éveillée, le reste de ma vie, me demandant si un jour tu pourras voir en cet abandon, l’acte d’amour le plus sincère et le plus protecteur du monde. Le seul acte maternel adéquat que j’aurai fait dans ma vie. Je ne suis pas une lâche, ni une mauvaise personne. Je suis ta mère et ce choix, je le fais parce que je t’aime.

Crédit : Namning/Shutterstock.com

Dominique Careau

Ce qu'il faut savoir de moi, c'est que je suis une personne. Juste une personne. Avant toutes choses, je suis une mère qui ne prétend pas avoir la science infuse, mais qui vous fait plutôt joyeusement et humblement profiter de ses bons et moins bons coups à grands coups d'humour pour m'aider à croire que je ne suis pas si pire et pour adoucir les failles de ma maternité parfois incertaine. Je suis une personne. INTENSE, passionnée, impulsive, énergique, frivole, colorée, montagne russe, envahissante, exigeante et parfois même un peu pathétique... Mais je suis tellement présente, disponible, à l'écoute, volontaire et ouverte que ça compense... je pense. J'écris sur ce que je vis, ce que nous vivons toutes! Des fois c'est drôle, des fois c'est plus sérieux. Comme la vie! Les couleurs vont et viennent sur les pages comme sur l'existence!

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5 Comments

  • Juste le titre fait couler des larmes que je ne peux pas retenir. Pendant de trop nombreuse années j’ai cru que ma fille me détaisait… les dernières années j’avais réaliser qu’elle était victime d’abus sexuel… J’en ai parler… je leurs ai même écrit mais sans aveux… sans témoins, on se retrouve les mains liées et comme je soupçonne l’horreur… ma fille me déteste encore plus. Juste qu’au jour où elle vide son sac. C’est une grosse machine la justice, je suis fière qu’elle ait trouver le courage de parler et petit à petit un lien mère fille se tisse enfin !! C’est pas facile mais on fait face ensemble…. Jusqu’au jour où une nouvelle t.s. entre dans nos vies et me juge pas assez responsable pour protéger ma file. Pourtant la dpj est dans nos vies depuis longtemps parce qu’un de mes fils à des problèmes de comportements. Mon dossier est beau, les 5 autres t.s. qui sont passé avant celle-ci m’ont juger apte pourtant…
    Dans quelques semaines ça fera 1 an que ma fille est en famille d’acceuil.
    Dejà 18 mois que mon fils est en centre de réadapt… bien qu’il ait un excellent comportement, même un retpur en classe régulière apres avoir fait toutes les classes pour les jeunes en difficulté…
    Je connais le poids de la culpabilité… je connais le sentiment d’échec quand on regarde notre enfants partir…
    Mais ce que j’aimerais savoir c’est le poids que les t.s. rapportent chez elle. Certaines font une très bonne job… malheureusement d’autres tombent dans l’abua de pouvoir et je ne crois pas qu’elle traîne le même poids que le parents qui voit son enfants partir…

  • C’est tellement émouvant comme texte. Je suis de tout cœur avec toi, j’ai eu pour une très courte période 3petites chambre vide et j’ai cru mourir. C’est un puissant geste d’amour pour ton enfant de la laisser partir en reconnaissant que ses besoins seront comblés plus adéquatement là bas loin de toi. J’espère que la vie lui permettra de comprendre que c’était pour son bien. Courage!!

  • j’ai œuvré 14 ans pour la DPJ… en fait, j’ai aimé du mieux que j’ai pu, j’ai essayé de remplacer temporairement la maman qui a du placer le garcon qui se tenait devant moi… et meme quand c’etait dur pour moi de voir toute la violence que certains jeunes avaient en dedans, je me suis toujours dit que c’etait rien a comparé au désarroi, a la tristesse et au chagrin que chacun de mes jeunes avait pu vivre en se sentant abandonné… quand je suis tombée enceinte de ma fille, je savais en dedans que je ne pourrais plus jamais aimer mes gars autant que je l’avais fait toutes ces années car mon cœur etait réservé pour ce petit cœur qui avait décidé de se battre pour vivre en dedans de moi… j’ai donc eu a faire un choix difficile car plusieurs comptaient sur moi mais necessaire pour que je puisse donner tout ce que j’avais aux miens… car jamais j’aurais voulu que mes enfants se sentent moins aimé car j’avais a en aimer d’autre 40 heures/semaine… et tu sais quoi? je pense a mes gars tous les jours, mes anciens comme je les appelle… mes enfants vont bien, ils ont de bons comportements et ont de super notes, tout ce dont je rêvais a leur donner mon 100% tous les jours… a les avoir le plus souvent possible avec moi, réduire mes heures de travail pour qu’ils aient mes valeurs, que ce soit moi et non pas l’éducatrice leur maman!!! mais tu sais quoi? je rêve encore au moins une fois par mois que je retourne travailler au gouvernail… pis ma fille va avoir 16 ans… crime que je les ai aimé mes gars! merci de ton texte xxx

  • La réalité que les gens ne connaissent pas c’est que la dpj tente de faire croire que c’est la meilleur option de donner notre enfant alors que le réel problème est que les soins de santé sont inadéquats et inaccessibles

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