Ma belle amie, la maman de Nicolas, le beau Nicolas qui en avait assez de la vie, qui l’a quittée sans même te laisser de p’tit mot, ça fait un bout que je gravite autour de toi comme une planète autour du soleil.
On tourne, moi et mon malaise et je garde mes distances par peur de me brûler ou peut-être par gros bon sens ou par manque de mots. Je suis là, en orbite, prise dans ton champ gravitationnel. J’aimerais tant pouvoir dire quelque chose pour te soulager, te tenir la main, mais j’ai peur. Et si sortaient de ma bouche des propos insensés? Si, de mes lèvres, jaillissaient ces mots horribles que mon coeur a pensé: »Par chance, ce n’est pas mon fils à moi. »
Ma belle amie, ne m’en veux pas. Je n’ai pas su faire autrement, je l’ai imaginé, mon fils, en train de se magasiner une corde. Et j’ai eu peur, très peur car depuis l’instant où je les ai vus naître, je vis avec cette crainte de voir mes enfants être emportés. En t’approchant, qui sait, ça pourrait m’être transmis? Oui, l’idée est absurde, mais un coeur de mère est fou et ne fait rien de rationnel.
Je te regarde et je me questionne. Comment es-tu encore debout? Tu es sans aucun doute la femme la plus forte de l’univers ou peut-être es-tu devenue une statue de pierre après avoir vu quelque chose que tu n’étais pas censée voir, qu’aucune mère n’est censée voir.
Ma belle amie, ne me juge pas, mais j’ai ce besoin naïf de croire que si il t’avait tendu la main, à toi, celle qui l’aime de tout son coeur, celle qui l’a toujours aimé, qui l’aimera toujours, ça ne se serait pas produit. Il aurait dû penser que tu pouvais l’entourer de tes bras et dissiper sa douleur. N’est-ce pas ce que nous faisons, nous les mères? Oui, je sais, c’est bête. Une simple caresse n’aurait pas su le délivrer puisqu’il était habité par cet homme mort qui rêvait de sortir.
Ma belle amie, je veux que tu saches que mon coeur, aliéné et trop plein d’amour pour ma progéniture, est grand. Il a une place pour toi, une place de choix où tu pourras, lorsque la peur te quittera, te réfugier, pleurer, rire, dire. Tu n’y seras pas jugée et lorsque tu seras prête à dissoudre ton enveloppe de pierre, je serai là pour ramasser la poussière. Je tenterai de vivre avec toi un peu de cette peine que tu devras éternellement porter, ta peau en étant imprégnée.
Ma belle amie, pour ce que ça vaut, je t’offre mes sympathies.
Juste Merci ?…… Je pense à toi à chaque seconde…..Nicolas ❤️