Mesdames, si Tinder vous décourage, sachez que nous avons atteint la parité sur au moins un point; ça nous décourage tout autant.
Tinder est un vrai cauchemar pour nous, hommes ordinaires. C’est difficile de se démarquer, car nous ne sommes ni les plus visibles ni les plus entreprenants. Nous sommes plutôt hésitants ou maladroits, par manque de confiance ou d’expérience. Nous formons la majorité silencieuse de Tinder. À notre grand désarroi, ce sont les gros porcs ou les trous de postérieur qui sont les plus vocaux et qui prennent toute la place.
Bref, quand ta force c’est plus ta personnalité que ta face ou tes abdos, tu pars déjà de plus loin. Juste mettre en place ton profil peut nécessiter plusieurs heures de travail acharné et de grattage de tête.
Premièrement, il faut choisir la photo sur laquelle on te jugera en quelques secondes. Mais laquelle prendre?
Celle à Cuba est pas trop pire. Avec ton coup de soleil qui a noirci, le nuage qui a assombri au bon moment le ciel et ton rire qui contracte tes « muscles », tu as presque l’air en forme. Sauf qu’une photo en bedaine, ça fait douche.
Ça pourrait aussi être celle qui a été prise au Jour de l’an. Bien habillé, un verre à la main, entouré de gens souriants, ça te donne l’air d’un gars respectable, heureux et qui a plein d’amis, non? Non. T’as juste l’air d’un alcoolique.
L’autre option, c’est de prendre un selfie. Tu pourrais ainsi mettre en valeur ton meilleur angle (c’est-à-dire la caméra un peu surélevée, la tête penchée vers la gauche). Sauf que tu as beau prendre une centaine de photos du même selfie, tu es toujours aussi ordinaire, en plus d’avoir l’air d’un loser narcissique.
Tant pis. Ce sera la photo avec ta grand-mère. Il y a peut-être une fille qui va trouver ça cute.
Deuxièmement, il y a la description. C’est la seule façon pour le gars ordinaire de se démarquer. Mais tu écris quoi? Être un bon gars ne fait pas nécessairement de toi un humoriste, un poète ou un écrivain.
Je suis à la recherche de mon âme sœur… Tu effaces, trop intense.
J’aime les bonnes choses de la vie : voyager, aller au cinéma, le vin rouge… Tu effaces, trop banal.
Je suis un gars bien établi dans la vie, bonne job, responsable, sportif… Tu effaces, t’as l’air de te vanter.
Ah! pis tu n’écris rien. Il y a peut-être une fille qui va te trouver mystérieux.
Troisièmement, tu dois réussir à avoir un match. Au début tu es naïf, plein d’espoir. Les premières fois que tu utilises l’application, tu prends le temps d’examiner les photos, de lire les descriptions. Tu utilises ton privilège de liker une fille avec parcimonie. Ça va vraiment vouloir dire quelque chose lorsque tu vas en swiper une à droite. Elle sera certainement très touchée de découvrir que tu l’as aussi choisie.
Mais les jours passent. Aucune connexion.
Tu finis par abaisser tes critères. Tu analyses moins. Puis, plus du tout. Tu fais défiler une fille à la seconde. Couché dans ton lit, seul, misérable, tu passes des heures à swiper à droite. Tu as une tendinite dans le pouce. Pas grave, tu changes pour l’index. Il y en a bien une dans le lot qui va finir par t’aimer. Tu t’endors finalement aux petites heures du matin dans un état lamentable.
À ton réveil, une notification de Tinder. Tu as une nouvelle connexion. Ton cœur bondit. Yesss! Tu te précipites sur ton téléphone et aperçois ton nouveau match. Bof. Rien d’extraordinaire. Mais ça aurait pu être pire.
Tu attends quelques heures avant de lui écrire pour ne pas avoir l’air trop désespéré. Puis, tu prends ton courage à deux mains et tentes une approche. Sauf que tu réalises rapidement que tu n’as aucune idée de comment amorcer une discussion. Tu aimerais être original sans passer pour un creep ou un obsédé. Tout bien réfléchi, tu choisis l’option plate.
Salut, ça va? 🙂
Silence radio. Après quelques heures, tu réalises que jamais elle ne te répondra. Pourquoi t’avoir swipé à droite alors? Parce qu’elle aussi avait abaissé ses critères. Et son nouveau match était pire que prévu.
Tu abandonnes. Tu supprimes l’application. Tu es complètement débiné. Tu mets tes écouteurs, ouvres Spotify et tapotes sur ton iPhone : A-d-e-l-e. La musique commence. Hello, it’s me. Tu écoutes du fuckin Adèle. Tu montes le volume. Fuck Tinder.
Tu veux trouver l’ame soeur? Alors décrit ce que tu aimerais faire avec, de comment tu voudrais qu’elle soit. Sans dire que tu veux passer le reste de ta vie avec elle.. trop d’engagements pour le depart. Ensuite: demande lui ASV SVP lol comme ds le bon vieux temps de mIRC.
Wow! Quand tu lis ce texte, tu te rend compte que tu n’es pas seule à penser sa et c’est merveilleux! ??
c était bien joliment écris tout ça!
Ça ressemble effectivement beaucoup à ça. Mais il faut être perseverant et perspicace, se renseigner sur Tinder et leur algorithme, essayer de nouvelles façons de faire, supprimer son compte et recommencer. On devient meilleur, et on a des matchs et on génère de l’intérêt. Reste que Tinder est un sport extrême.