Bon, j’veux être franche. Je pourrais péter ta bulle et tu pourrais me trouver plate. Si tu feel un beau conte de fées à la Cendrillon actuellement, je risque d’avoir l’air d’avoir ben-ben-ben du sable à quelque part à soir; le soir de mon premier anniversaire de célibat, accoutrée d’un pyjama de flanelle laite comme la mort.
La vérité, c’est que le coeur me lève pis j’arrive pas à savoir si c’est Tinder, Badoo ou le nouveau site de rencontre qu’est devenu Facebook ou ben juste mes sushis d’hier qui veulent pas passer. Y’a de quoi que je digère pas, qui me rentre pas dans la tête : on est en train de dénaturer l’amour.
Un gros beurk, ma fille. Si tu penses avoir tout vu, je t’invite à prendre siège dans le manège ben étourdissant qu’est devenue la quête de ton homme à l’ère des applications.
Fini le temps où Ginette rencontrait son Donald. Ginette avait toujours ben le toupet crêpé quatre pieds de haut, mais elle cachait pas tous ses défauts derrière un masque de renard à lunettes, elle. Donald passait probablement ses journées sur le chantier sans moyens de communiquer. Pis, y’avait peut-être ben juste un poster de femme avec les seins à l’air qui lui avait titillé l’œil quelque part dans sa journée. Il souhaitait pas bon matin à quatre filles en même temps.
Ginette pis Donald se sont pas lâchés après la première date, ni la deuxième ni même la centième. Ils se sont jamais tannés, en fait.
On en est pu là.
Sais-tu pourquoi? Parce qu’on pense mériter le meilleur du meilleur quand il est question d’amour. Pis qu’avec toutes ces notifications, ces applications, on est sollicités comme jamais. Un monde infini de possibilités dans lequel ton beau carrosse, ma princesse, s’en va se crasher direct dans un arbre.
Sais-tu quoi ? J’m’ennuie de l’amour. Celui d’avant l’ère des applications, des textos. J’m’ennuie du grand amour. Tout simplement. Celui que ma conversation Snapchat ne va pas deleter à tout jamais.
Ça fait qu’à c’t’heure que c’est dit, j’vais fermer mon cell pis jouer les Ginette. Parce que l’amour, ce sera jamais virtuel. Mea culpa, parce que je l’aime ben, moi aussi, le filtre du renard à lunettes.
Y a rien d’autre que les apps et le flirt qui mène au sexe éphémère, l’amour c’est terminé et fini au Québec. Sinon il existe l’amour des objets et les vibrateurs, mais entre hommes et femmes, on n’y pense plus.
Cher Sylvain,
Comme le dit si bien Stéphanie, il faut revenir aux sources, aller chercher dans la « vraie vie », ce quelqu’un qui nous correspond !