Il y a plusieurs mois, du haut de tes huit ans, t’as vécu l’explosion de ton noyau familial. Tu as vécu ce que plusieurs enfants subissent malheureusement impuissants. Je ne pourrai jamais me mettre à ta place. Je ne comprendrai jamais ce que tu as réellement ressenti. Ce que tu ressens encore aujourd’hui. Mais j’ai un petit doute. Parce que ton regard plein de suspicion et de méfiance, je le vois aussi à l’occasion dans les yeux de mes propres enfants. Et leurs regards à eux, j’arrive à les comprendre très facilement.
Je les vois tes beaux grands yeux bleus qui me regardent, qui m’analysent, qui me questionnent. Qui me supplient de repartir de là d’où j’arrive.
Je le sais que ce n’est pas contre moi que tu en as. Je sais que ce n’est pas moi qui te rebute. Je le vois dans ton regard que tu m’aimes bien, malgré tout. Mais ma présence vient mettre un point final dans ton espoir de voir ton père et ta mère renouer, comme de vrais amoureux.
Je sais que tu espérais. Depuis plusieurs mois. Depuis le moment où ton petit monde a volé en éclats. Je te comprends. Et pour toi, je l’aurais souhaité aussi. Mais pour plein de raisons qui les regardent, tes parents ont choisi de faire chemin à part. Malgré tout l’impact que ça a sur vous.
Et moi, qui viens tout juste de débarquer dans vos vies, avec mon propre bagage, avec mes enfants et mes façons d’être, je comprends que je t’effraie. Et dans nos deux histoires de séparation, la mienne et celle de ton père, tu es la seule des enfants qui a de véritables souvenirs de sa vie d’avant. Alors pour toutes ces raisons, je vais respecter ton rythme. Respecter ta « timidité » vis-à-vis moi. Et je ne le prendrai pas personnel.
Je sais que ça prendra du temps avant que tu m’ouvres ton cœur. Avant que tu m’y fasses une toute petite place. Je crois que tu voudrais, mais que t’as l’impression de trahir ta mère présentement. Alors je te le dis grande fille. Prends tout ton temps.
Pour toi, je vais aller puiser dans ma réserve de patience. Pour toi, je vais accepter tes sautes d’humeur et tes refus de nous voir trop souvent. En ta présence, je vais agir en amie avec ton papa, le temps qu’il faudra pour que tu acceptes la situation. Que tu acceptes que je sois plus. Que c’est moi qu’il a choisie pour être sa nouvelle amoureuse.
Tu ne seras jamais une pierre dans mon soulier. Je sais beaucoup trop que le bonheur de ton père passe par le tien.
Alors, grande fille, on va se donner le temps nécessaire pour s’apprivoiser. Pour se découvrir. Pour tranquillement s’adapter. Je vais prendre ce que tu vas accepter de me donner, et patienter pour le reste. Je ne serai jamais un obstacle entre ton père et toi. Ni entre ton père et ta mère. Et sache que je me sens tout à fait à l’aise dans cette situation. Parce que ton besoin de temps, tu le prends avec le plus de respect possible envers nous tous. Et ça, je ne peux que l’apprécier.
Maintenant que c’est dit, fais-moi signe quand tu seras prête. On écrira ensemble l’histoire de cette charmante princesse blonde aux grands yeux bleus et de sa gentille belle-mère cette fois.
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